La solidarité s’organise au Portugal pour la rentrée scolaire

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érette de Lisbonne, le 6 septembre 2012 (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[17/09/2012 09:38:42] LISBONNE (AFP) De nombreuses familles portugaises, dont les revenus ont fondu en raison de la crise qui frappe le pays, auront au moins réussi cette année à réduire les inévitables dépenses de la rentrée grâce à une initiative inédite d’échange de livres scolaires.

Dans l’arrière boutique d’une supérette de Lisbonne, où sont entreposés des centaines de livres dans des cagettes en plastique, classés par niveau scolaire, parents et élèves espèrent dénicher un maximum de manuels gratuits.

“J’ai trois enfants. Rien que le budget en livres s’élève à près de 500 euros. A cela, il faut ajouter les fournitures scolaires. Trouver quelques livres gratuits, c’est une aide très précieuse”, affirme Dora Santos, qui repart avec six manuels, réalisant une économie estimée “à environ 70 euros”.

A l’instar de ce petit supermarché, plus d’une centaine de boutiques, pharmacies, fleuristes ou sièges d’associations au Portugal ont réservé un espace à la collecte et échanges de livres.

Au Portugal la plupart des élèves doivent acheter leurs manuels scolaires dès l’école primaire, ce qui représente un budget de 300 euros en moyenne par étudiant. Seul un nombre limité de familles, aux revenus les plus bas, peuvent bénéficier d’une bourse pour la rentrée.

Ce système de troc est né l’été dernier d’une idée d’Henrique Cunha, un professeur de mathématiques en cours particuliers de Porto, qui a lancé une page Facebook où les internautes peuvent faire connaître leurs besoins en manuels scolaires et les livres qu’ils peuvent échanger.

L’étudiant se rend ensuite dans un point relais pour procéder à l’échange des manuels.

Face au succès de cette initiative, l’idée a essaimé cette année dans le reste du pays en crise.

“Des familles de classe moyenne”

“J’avais entendu parler de ce projet l’année dernière et il m’a semblé que dans le contexte économique difficile, c’était intéressant de la reproduire ici”, a expliqué Armando Santos, responsable d’un centre de soutien scolaire dans la banlieue de Lisbonne, qui participe également à l’initiative.

“Certains familles n’ont pas de livres à échanger. Dans ce cas, elles peuvent quand même repartir avec les livres dont elles ont besoin”, précise M. Santos.

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à Queluz, dans la banlieue de Lisbonne, le 6 septembre 2012 (Photo : Patricia de Melo Moreira)

La situation économique du Portugal, sous assistance financière internationale depuis mai 2011 en échange d’un plan de rigueur drastique, s’est aggravée ces derniers mois.

La sévère cure d’austérité a plongé le pays dans une forte récession, avec un taux de chômage record, touchant de plein fouet le pouvoir d’achat des ménages.

“Curieusement, ce sont surtout les familles de classes moyennes qui viennent nous voir”, observe Pedro Martins, vendeur dans la supérette lisboète, dont la direction a accepté d’installer “une banque de livres” dans l’établissement. Ce dépôt reçoit par jour en moyenne, quelque 80 livres qui vont du primaire à la terminale.

“Nous aimerions que ce travail soit directement assuré par les écoles, mais tant que ce n’est pas le cas, nous continuerons”, affirme cet employé, qui accueille les familles en compagnie de sa fille adolescente pendant son temps de repos.

“Le retour que nous avons de la part des clients est très positif, car ils sont très sensibles non seulement aux questions sociales mais également à l’aspect écologique de cette démarche qui permet de réutiliser des livres” note Inês Marques, l’une des responsables de l’établissement.

“On entend souvent que la crise crée des opportunités et des idées. C’est vrai qu’on pourrait décliner ce système d’échange de livres à d’autres domaines de la vie quotidienne …”, relève Armando Santos.