C’est ce qui m’a semblé comprendre des messages adressés à la Troîka à travers deux communiqués rendus publics par l’ambassade des Etats-Unis à Tunis après l’assaut mené, le 14 de ce mois, contre son siège par des voleurs déterminés portant des accoutrements salafistes.
Le plus récent est rendu public, aujourd’hui, par l’ambassade suite à la rencontre entre Jacob Walles, l’ambassadeur et le ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem .
Dans ce communiqué succinct le diplomate américain a rappelé, dans un premier temps, au ministre une petite leçon de diplomatie internationale, celle là même qui consiste en « le devoir des pays hôtes en vertu de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et la nécessité de prendre toutes les mesures appropriées pour assurer la sécurité des missions diplomatiques ».
Dans un second, Jacob Walles ne va pas par quatre chemins et souligne à l’adresse de son interlocuteur « que les mesures prises par les autorités tunisiennes le 14 Septembre étaient insuffisantes pour protéger l’ambassade américaine ».
Et dans un troisième, il demande, à travers lui, « aux autorités tunisiennes de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger l’ambassade et d’autres installations américaines en Tunisie, y compris l’école américaine de Tunis ».
Le communiqué est sec et sans appel. L’ambassadeur y accuse en termes diplomatiques certes mais qui ne prêtent à aucune équivoque la Troïka d’incompétence manifeste dans sa gestion de l’assaut mené contre l’ambassade. Il faut dire qu’au regard de certaines vidéos où des « cambrioleurs salafistes » se promenaient avec une nonchalance inouïe, au parc de l’ambassade, munis de bouteilles de gaz,-bien de bouteilles de gaz- pour faire exploser les grosses cylindrées tandis que d’autres barbares s’acharnaient à briser avec des gourdins les vitres des véhicules et à les incendier, les images sont accablantes et édifiantes quant au mauvais rendement de la police.
Pour revenir à la rencontre, son effet sur le ministre, a été, semble t-il tel, qu’il n’a pas osé publier, jusqu’ici, un communiqué sur cet entretien. Le journal de 14 heures de la chaîne publique El Watania s’est limité à rappeler que la rencontre a tout juste eu lieu.
L’autre communiqué est rendu public au lendemain de l’assaut sur la page officielle de l’ambassade. Dans ce communiqué, le personnel de l’ambassade remercie « tous les amis (tunisiens) qui ont manifesté leur soutien suite aux événements de violences survenus vendredi» et ne fait aucune mention ni de la présidence provisoire de la république qui a envoyé sa garde personnelle, ni le gouvernement, ni la présidence de l’Assemblée nationale constituante (ANC).
Il faut reconnaître que le coup est très dur à avaler. Pour les américains, c’est un coup de poignard dans le dos, eux qui ont contribué de manière significative à la chute du président déchu (révélations de l’ex ambassadeur sur les abus de son entourage reproduites ensuite par le site Wikileaks , eux qui n’ont ménagé aucun effort pour l’aider à surmonter les difficultés économiques et sécuritaires en lui accordant la garantie des Etats unis d’Amérique pour lever des fonds sur le marché financier international alors que le rating souverain du pays était révisé à la baisse et en lui fournissant une précieuse aide logistique militaire pour protéger les frontières du pays.
Quant à la Tunisie, son image est ternie à jamais. Il faut des décennies pour l’améliorer auprès de la communauté internationale. L’assaut mené contre l’ambassade des Etats unis à Tunis figurera désormais dans la sinistre chronologie des plus graves attentats perpétrés contre les ambassades américaines dans le monde aux côtés de celles de Téhéran en 1979, de Tripoli (en 1979), de Beyrouth (1983), de Nairobi (1998)….
Voilà où peut nous mener le laxisme des nahdhaouis à l’endroit de salafistes