à Foshan en Chine |
[18/09/2012 07:11:14] TOKYO (AFP) Les grands noms de l’industrie nippone ont réduit de façon draconienne leur activité en Chine mardi à cause des tensions sino-japonaises qui commencent à déteindre sur les relations économiques des deux géants d’Asie.
Toyota, Sony ou encore Uniqlo ont dû fermer des usines, des concessionnaires et des boutiques à travers toute la Chine, où des milliers de manifestants ont protesté contre la nationalisation par le Japon d’îles de mer de Chine orientale revendiquées par Pékin.
Le gouvernement japonais a “pressé la Chine d’assurer la sécurité des Japonais”, a souligné le porte-parole Osamu Fujimura, soulignant le fait que “les entreprises japonaises jouent un rôle important dans l’économie et l’emploi chinois”.
Le conflit territorial pèse aussi sur les liens entre les communautés d’affaires chinoise et japonaise, coeur des relations entre les deuxième et troisième puissances économiques mondiales.
L’Association économique Japon-Chine envisage ainsi d’annuler une visite de 175 dirigeants d’entreprise nippons emmenés par le patron de Toyota, comme chaque année depuis 37 ans. Une rencontre avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao est au programme.
“Nous avons déjà annulé les étapes de Shanxi (nord-est) et Shanghaï, car des responsables de Shanxi nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas assurer (notre) sécurité”, a expliqué un responsable de l’association à l’AFP. Seule l’étape de Pékin est maintenue, pour l’instant.
Les autorités chinoises ont menacé de représailles commerciales lundi, via l’organe officiel du Parti communiste chinois. “L’économie du Japon n’est pas immunisée contre des mesures économiques chinoises”, a affirmé le Quotidien du Peuple.
La Chine est le premier partenaire commercial du Japon, qui représente le troisième partenaire de la Chine après l’Union européenne et les Etats-Unis. Leurs échanges commerciaux ont représenté en 2011 quelque 343 milliards de dollars.
Anniversaire douloureux
En attendant d’éventuelles mesures de rétorsion, l’impact subi par les entreprises nippones est déjà concret.
“L’ampleur des manifestations est exceptionnelle: le nombre de secteurs est important et des attaques incendiaires contre des usines n’avaient jamais eu lieu” ces dernières années, souligne Yasuo Onishi, chercheur à l’Institut des économies en développement, près de Tokyo.
Toyota, actuel n°1 mondial du secteur, a stoppé une partie de ses neuf usines, dont trois d’assemblage, qui emploient plus de 31.000 personnes et montent quelque 800.000 véhicules par an. “La sécurité des employés est la priorité numéro un”, a indiqué un porte-parole.
Outre ses usines, le constructeur entretient un réseau de 860 concessionnaires en Chine. Certains ont été directement visés et ont subi des dégâts lors des dernières manifestations.
La journée de mardi est particulièrement redoutée côté nippon car elle marque le 81e anniversaire de l'”incident de Moukden” qui, le 18 septembre 1931, avait fourni le prétexte à l’invasion de la Mandchourie (nord-est de la Chine) par le Japon.
D’autres constructeurs automobiles nippons ont pris leurs précautions.
Nissan, dont 43,4% du capital appartient au français Renault, a stoppé sa production dans deux de ses trois usines d’assemblage, à Guangzhou (sud) et Zhengzhou (centre-est), tandis que Honda a carrément stoppé ses cinq usines d’assemblage jusqu’à mercredi inclus.
L’électronique, autre point fort du Japon, a aussi été touchée. Panasonic a arrêté plusieurs usines mardi, notamment celle de Qingdao (est), cible d’un incendie criminel samedi. Son concurrent Sony a stoppé deux usines sur sept.
Au sein de la grande distribution, 30 supermarchés de la chaîne Aeon ont tiré le rideau de fer, tout comme 13 supermarchés et 198 supérettes de son concurrent Seven & i. Quelque 42 magasins de vêtements Uniqlo sont aussi restés fermés.