Milan : la crise pèse sur la semaine de la mode

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éfilé printemps-été 2013 de Fendi, le 25 juin 2012 à Milan (Photo : Tiziana Fabi)

[18/09/2012 08:24:27] MILAN (AFP) Après New York et Londres, les projecteurs s’allument mercredi sur les podiums milanais, mais l’ambiance est morose alors que le secteur du textile et de la mode italienne est touché de plein fouet par la crise.

La capitale lombarde est en pleins préparatifs, en particulier le quadrilatère du luxe autour de la prestigieuse via Montenapoleone, où de nombreuses griffes s’apprêtent à inaugurer de somptueuses boutiques pendant la semaine de la mode milanaise qui se tiendra du 19 au 25 septembre.

Quelques 133 collections de prêt-à-porter féminin pour le printemps-été 2013 avec 72 défilés et 65 présentations, ainsi que de nombreux événements parallèles (expositions, soirées spéciales, initiatives culturelles…) émailleront cette semaine.

La Chambre de la mode italienne a beau se réjouir de “ce riche programme”, elle n’en cache pas moins une certaine inquiétude, comme en témoigne son président Mario Boselli: “De nombreuses entreprises vivent des situations très difficiles et malheureusement les estimations pour 2012 ont été revues à la baisse avec un chiffre d’affaires total en recul de 5,6% contre les -5,2% prévus initialement”.

Selon les chiffres publiés par cet organisme, le deuxième trimestre a été “fortement négatif” avec une chute des ventes de 10,3% par rapport au -3,2% du 1er trimestre. Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires de l’ensemble de la filière a diminué de 6,3%, tandis que la production a chuté de 19,8%.

Ces résultats négatifs se reflètent sur les exportations, qui ont enregistré un ralentissement même si elles ont continué de progresser entre janvier et mai 2012 de 3,3% grâce aux marchés émergents comme la Russie et la Chine.

“Comment peut-on exporter davantage alors que produire en Italie est toujours plus coûteux? Ces 12 derniers mois, le prix de l’énergie pour nos entreprises a augmenté de 30%, alors qu’elles étaient déjà pénalisées de ce point de vue par rapport à leurs concurrents européens. En Italie, le prix de l’énergie pèse plus de 25% sur le coût de production d’un mètre de tissu”, s’indigne Michele Tronconi, le président de SMI, l’association réunissant les entreprises du textile et de l’habillement.

Pression fiscale

Selon les relevés du centre d’études de SMI, la production du textile italien a enregistré une chute de 15,3% au 1er semestre, tandis que de janvier à mai les exportations de tissu transalpin ont diminué de 5% en valeur et de 10,4% en quantité.

A la tête du Ricamificio Vanoni, PME spécialisée dans la broderie fournissant des grandes griffes, Rosa Vanoni confirme “une baisse des commandes en ce début d’année”.

“Nous avons des coûts énormes pour la réalisation des collections et la partie créative. Pour rester compétitifs, nous avons été contraints de réduire les effectifs de 60 à 40 personnes”, indique-t-elle.

“Ce sont les entreprises tournées vers le marché italien qui souffrent le plus. Beaucoup sont amenées à fermer, mais tandis qu’auparavant l’ouverture de nouvelles activités compensait ces fermetures, aujourd’hui ce n’est plus le cas”, explique Cleto Sagripanti, président de l’association des chausseurs italiens (Anci).

“Nous ne demandons pas d’argent au gouvernement, mais qu’il défende nos intérêts en réclamant l’abattement de certains droits de douane et en réduisant la pression fiscale. Et surtout qu’il prenne des mesures pour protéger la filière, car si nous perdons nos PME et nos petits laboratoires, la source du Made in Italy s’assèchera définitivement”, conclut-il.