A quelques semaines, de l’Aïd El Idha (prévu pour fin octobre), la question de l’acquisition ou non, du mouton du sacrifice, se pose avec acuité dans de nombreuses familles, vu la tendance haussière des prix sur le marché local. Certains s’interrogent sur les préceptes de la religion en cas de “non sacrifice” et aussi sur la question du recours, à l’emprunt, pour acquérir le mouton de l’Aid. De fait, le renchérissement des prix des moutons est perceptible au cours de cette période, les éleveurs prévoient même une hausse importante par rapport à l’année dernière, en raison de l’enchérissement des fourrages et de la contrebande vers le marché libyen (2000 têtes de bétail, sorties illégalement du pays, entre juin et Août 2012).
Selon des éleveurs du gouvernorat de Sidi Bouzid, qui est le “baromètre des moutons de l’Aid”, les prix locaux qui varient actuellement, entre 400 et 500 dinars, cette année, continuent d’augmenter. Ils affirment que les prix pourraient dépasser ceux de l’année dernière de 150 à 200 dinars, les jours de l’Aid. Interrogé par la Tap, sur la légitimité du sacrifice, à l’occasion de la fête de l’Aïd El Idhaa, le mufti de la République tunisienne, Othman Battikh a précisé dans un document écrit que « le sacrifice de l’Aïd qui est à la fois un culte et un des rituels de l’Islam, symbolise l’histoire d’Abraham et son fils Ismaël…. Il est devenu un rituel de l’Islam et une tradition du prophète ( Sunna) confirmée, pour ceux qui ont la capacité matérielle de le faire. D’autres disent qu’elle est souhaitable, pour ceux qui ne trouvent pas son prix excessif».
“L’ensemble de notre religion est clémence. Elle permet de surmonter les difficultés et les embarras et facilite l’exercice des rites de dévotion, selon la capacité humaine. Chaque fois qu’il y a un excès, la Shariaa (la loi islamique) exonère le croyant des difficultés supplémentaires”. Selon le mufti «il n’est nullement, nécessaire en Islam, d’emprunter ni de se mettre dans l’embarras, pour assurer le sacrifice de l’Aïd, surtout si les prix des moutons s’avèrent chers et parfois exorbitants et donc affectent les dépenses quotidiennes de la famille qui se voit incapable de payer ses dettes. Cette décision est rejetée par notre religion.
Par contre, si l’emprunt n’affecte pas les besoins de base du ménage, il n’y a rien de mal à cela ». Pour les personnes défavorisées, le mufti a indiqué que “tous ceux qui sont incapables de fournir leurs sacrifices, n’ont pas de péchés et tous ceux qui dépassent leur capacités, font cela généralement pour répondre aux traditions et coutumes et consoler leurs enfants. Cet acte est sans mérite et peut-être sans récompense, comme le fait d’abattre son sacrifice avant la prière de l’Aïd”. Il a encore, précisé « qu’on ne peut légitimement se partager le prix d’un agneau, mais les membre d’une même famille peuvent se partager la récompense divine de leur sacrifice. Par contre, on peut se partager le prix d’un bovin entre six personnes ».
Autre précision, le fait d’acheter de la viande pour la famille ou de faire de cet achat, une charité, “n’est pas perçu comme un sacrifice, mais c’est simplement un cadeau ou un geste de bienfaisance qui a sa récompense en l’Islam ». «Il n’est pas obligatoire d’abattre son mouton dans sa maison et il est permis de le faire chez le boucher au nom de son propriétaire, surtout pour les résidents des immeubles. Il vaut mieux que la personne elle-même présente son sacrifice et l’abat de ses propres mains. Ce sacrifice est permis pour la femme».
A noter que le marché local fournit 900 mille moutons, alors que les tunisiens ont besoin d’un million d’ovins pour célébrer la fête de l’Aid El Idha, selon les statistiques du ministère du commerce, d’où le recours à l’importation de 100 mille moutons pour combler le déficit.
WMC / TAP