éléphones portables usagés destinés à être recyclés ou réparés (Photo : Frank Perry) |
[20/09/2012 11:59:32] PARIS (AFP) A force de changer de mobiles, les Français gardent plusieurs dizaines de millions de téléphones inutilisés dans leurs tiroirs, selon les professionnels du secteur, alors qu’il existe de nombreuses possibilités de les réemployer, les recycler voire même les monnayer.
Chaque année, près de 20 millions de mobiles neufs sont vendus. Or, un peu plus d’un million seulement (1.016.622 en 2011) sont collectés par les opérateurs membres de la Fédération française des télécoms (FFT).
Pourtant, ces deux dernières années, le marché a complètement changé, les simples portables laissant la place à des smartphones, téléphones haut de gamme branchés sur internet, qui gardent une forte valeur même au bout d’une année ou deux d’utilisation.
Par ailleurs, la croissance sur le marché français des offres sans téléphone subventionné, notamment avec l’arrivée de Free Mobile, incite les consommateurs à aller chercher leurs vieux appareils dans les tiroirs.
“Il y a maintenant un vrai marché de l’occasion”, assure Christian Lefferère, directeur Europe du site de revente de téléphones Love2recycle, filiale du groupe Anovo lancée il y a trois ans en France, qui constate “une explosion des ventes de produits de seconde main reconditionnés”.
A chaque sortie d’un nouvel iPhone par exemple, “des gens revendent leur ancien modèle” avant d’acheter le nouveau, raconte-t-il, ajoutant que le site peut racheter un smartphone jusqu’à 400 euros.
Et si un portable n’a plus de valeur marchande, raison de plus de s’en débarrasser, mais dans une filière qui permette le recyclage de l’appareil.
électronique (Photo : Mychele Daniau) |
“Négligence” ou “ignorance”
S’il y a dans les tiroirs de chaque ménage français “au minimum 3 à 4 téléphones portables”, c’est souvent “par négligence ou tout simplement par ignorance”, indique Guillaume Duparay, directeur du développement chez Eco-systèmes, un organisme spécialisé dans la collecte et le recyclage des déchets électroniques.
“En plus, il y a un lien affectif avec les téléphones portables: on ne se voit pas jeter ces doudous qui nous ont accompagnés 18 mois”, la durée moyenne d’utilisation, estime-t-il, d’autant plus que souvent ils détiennent beaucoup de données personnelles: répertoire, notes et agenda.
Il est donc important de savoir à qui les confier, en toute sécurité, avec un effacement des données garanti et donc une traçabilité de l’appareil.
Eco-systèmes travaille avec les Ateliers du Bocage, une entreprise de recyclage située dans les Deux-Sèvres qui fait partie du réseau solidaire d’Emmaüs France et emploie une soixantaine de salariés rien que pour l’activité mobile.
L’organisme “leur envoie les téléphones GSM dits +sans valeur+, et sur 100 téléphones, il y en a au moins 25 ou 30 qui pourront être réemployés”, tandis que les autres seront démontés et recyclés dans des filières spécialisées, explique Etienne Delorme, chargé de la communication de ces Ateliers.
éléphones portables dans une urne pour appareils usagés reconditionnés par les Ateliers du Bocage (Photo : Mychele Daniau) |
Les Ateliers du Bocage “privilégient les téléphones qui peuvent avoir une seconde vie”, en les réparant si besoin, en y supprimant toutes données personnelles puis en les reconditionnant, raconte-t-il.
Ils ont ainsi traité 439.000 portables en 2011, dont 78% obsolètes ou non réparables sont partis au recyclage. C’est alors de nouveau Eco-systèmes qui intervient en prenant en charge les flux de déchets qui partent chez des prestataires spécialisés.
“On arrive quasiment à un niveau de recyclage maximum. Les process sont assez poussés avec des traitements au niveau de l’imagerie laser, de l’extraction minière pour aller chercher jusqu’au gramme de matière rare comme le cuivre et l’argent voire rarissime comme le coltan”, indique M. Duparay.