«L’avenir de la Tunisie est difficile à prévoir. Mais ce pays a de grandes chances de développer la démocratie. Ce qui s’est passé les derniers jours est très préoccupant. L’élan de la violence était une grande surprise pour nous. Il faut une réponse décisive de l’administration parce que la violence ne se justifie pas», nous a indiqué Dr. Gerhard Wahlers, secrétaire général de la Fondation allemande Konrad Adenauer, le 20 septembre lors de la cérémonie de célébration du 30ème anniversaire de la présence de la Fondation en Tunisie.
Instrumentalisation politique…
Des propos qui reflètent une certaine amertume quant à la situation sécuritaire mais aussi politique dans notre pays. Un employé de l’ambassade allemande nous affirme être assez surpris de voir les tanks qui ont été mis en place devant l’ambassade suite à l’incident du 14 septembre. «Comme si le pays était en état de guerre», murmure-t-il. L’ambassade allemande a pris, elle aussi, des dispositifs sécuritaires en fermant les deux vendredis derniers.
D’ailleurs, Dr. Wahlers a souligné, dans son discours, que l’annulation de la cérémonie a été évoquée, mais il a été décidé de ne pas se laisser intimider. Condamnant la vidéo, il a indiqué que «le fait de prendre l’indignation suscitée par la vidéo comme prétexte à des attaques violentes, et en faire un instrument politique, ce n’est pas acceptable pour des démocrates. Les événement de la semaine dernière ont montré qu’une démocratie se doit aussi d’être ferme et de savoir se défendre», lance-t-il.
Culture démocratique…
La Fondation réitère, ainsi, son engagement à poursuivre son activité en Tunisie. La révolution tunisienne a été certes saluée par l’Allemagne, mais ce qui a suivi a provoqué des craintes. Et ce qui a commencé avec les appels à la liberté, la dignité et la justice, selon les dires de notre interlocuteur, s’est avéré aujourd’hui beaucoup plus difficile à réalisé.
«Il ne suffit pas de remplacer la tête d’un ancien régime, d’un ancien ordre, par de nouvelles têtes. Il faut au contraire un changement fondamental et le développement d’une nouvelle culture démocratique, qui ne tombe pas du ciel. Le respect des droits de l’homme, le partage des pouvoirs, les libertés d’opinion, de religion et de la presse, mais aussi le respect du monopole de pouvoir de l’Etat, constituent des valeurs et principes assurés, dont toute société a besoin», signale Dr. Wahlers.
Mais l’engagement pour la démocratie est-il suffisant à lui seul? Réussir à implémenter une démocratie revient, en premier lieu, à s’appuyer sur des démocrates. Le secrétaire général de la Fondation affirme que la démocratie ne résiste pas d’elle-même et qu’elle nécessite un effort continu et permanent.