Total fait le point sur ses perspectives après des mois mouvementés

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é de Total livre du pétrole dans une station service (Photo : Philippe Huguen)

[24/09/2012 06:39:39] LONDRES (AFP) Après une actualité mouvementée ces derniers mois, Total va chercher lundi à rassurer sur ses perspectives, lors d’une journée dédiée aux investisseurs organisée à Londres par le géant français du pétrole.

La troisième compagnie pétrolière européenne et première entreprise de France par la valeur boursière a traversé un été particulièrement chaud, avec notamment un bras de fer avec Bagdad provoqué par son entrée dans l’exploration pétrolière au Kurdistan irakien, et de nouveaux sabotages d’un gazoduc qu’il coexploite au Yémen.

Ces événements ont succédé à l’importante fuite de gaz intervenue fin mars sur le gisement d’Elgin en mer du Nord, et à des résultats en trompe-l’oeil au premier semestre, marqués par une chute de 42% du bénéfice net publié, mais une progression saluée en Bourse du bénéfice ajusté, mesure la plus suivie par les analystes, assortie d’un acompte sur dividende légèrement relevé.

En France, le groupe a subi coup sur coup une surtaxe pétrolière qui va lui coûter dans les 150 millions d’euros et la baisse des prix des carburants âprement négociée par Bercy, qui l’a conduit à baisser ses marges dans son réseau français.

Il a par ailleurs mis à l’étude une éventuelle cession de TIGF, filiale qui exploite des gazoducs dans le sud-ouest du pays.

Enfin, dans un autre registre, le pétrolier français a annoncé ce mois-ci son premier investissement majeur depuis 1998 en Birmanie, où sa présence avait longtemps fait polémique.

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ouest de la France (Photo : Frank Perry)

Au sortir de cet été hyperactif, ses dirigeants vont présenter lundi aux investisseurs les perspectives révisées du groupe, dont le sujet phare devrait être la production d’hydrocarbures.

Total prévoit jusqu’ici une augmentation de 2,5% en moyenne de 2010 à 2015. Mais l’extraction à partir d’Elgin est interrompue depuis le printemps, avec une reprise graduelle espérée d’ici la fin de l’année, ce qui – conjugué à d’autres déboires au Yémen et au Nigéria – fait craindre une stagnation de ses volumes cette année.

Les investissements au crible des analystes

Pour la maison de courtage Jefferies, de bonnes performances l’an prochain devraient néanmoins compenser les déconvenues de 2012, et permettre au groupe de maintenir son objectif quinquennal.

“Nous prévoyons un rétablissement en 2013 des volumes de production, qui pourraient augmenter d’environ 5% l’an prochain”, indique-t-elle.

“Total a lancé avec succès tous les projets qui soutiendront ses volumes en 2015, par conséquent nous ne prévoyons pas d’écart majeur par rapport à son objectif”, estime Jefferies.

“Le marché attend la confirmation de cet objectif, et des assurances concernant les projets (d’exploitation de nouveaux gisements, ndlr) qui permettront de le remplir”, souligne de son côté la banque japonaise Nomura.

Les analystes attendent également des détails sur la trajectoire d’investissement de Total, qui engloutit des sommes colossales (plus d’une vingtaine de milliards de dollars par an d’ici 2015) pour développer de nouveau gisements.

Ils décortiqueront aussi les déclarations en matière de cessions et acquisitions, notamment à propos de TIGF, qui pourrait rapporter 2 à 3 milliards d’euros.

Des éclaircissement sur le dossier Chtokman seraient également bienvenus. Les négociations avec Gazprom sur le développement de ce gisement gazier dans l’Arctique russe ont pour l’instant achoppé. Fin août, Total a démenti publiquement un gel du projet, à la suite des déclarations contraires en Russie.

La banque RBC espère aussi des annonces dans l’exploration alors que le groupe n’a annoncé qu’une seule découverte d’hydrocarbures depuis le début de l’année.

Selon Nomura, les investisseurs espèrent enfin que Total “conservera un point de vue optimiste sur les fondamentaux du marché pétrolier”, clef de sa rentabilité, alors que les cours de l’or noir sont extrêmement élevés, mais aussi particulièrement volatils.