“La lutte contre le blanchiment d’argent et la criminalité financière”, c’est le thème d’un séminaire dont les travaux ont démarré dans la matinée du mardi 25 septembre à Tunis. Pendant deux jours, des experts tunisiens et étrangers débattront des principales techniques d’investigation, de la coopération nationale et internationale dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d’argent et la criminalité financière ainsi que du cadre juridique.
La rencontre permettra, en outre, de présenter certaines expériences de pays étrangers comme la Belgique, le Portugal, la France et les Pays-Bas. Des recommandations seront émises, à cette occasion, en vue de renforcer la stratégie tunisienne de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent.
Abderrahman Ladgham, ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption, a fait savoir que 20% du PIB provient du commerce illicite. Dans ce contexte, il a mis l’accent sur l’importance de réfléchir à des solutions efficaces pour lutter contre la corruption et le blanchiment d’argent, notamment à travers le renforcement du cadre juridique, la diffusion de la culture de l’honnêteté et de l’intégrité et la création de nouvelles sources de revenus stables.
“La lutte contre le blanchiment d’argent, qui est l’un des résultats des flux illicites de fonds, est un problème de sécurité aux niveaux national, régional et international”, a-t-il souligné. Il a indiqué que le département chargé de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption a adopté une démarche globale basée sur l’identification des zones à risques, le renforcement de la coordination entre les différents intervenants à l’échelle nationale et internationale, la réforme des systèmes financier, fiscal, douanier et bancaire, la protection des divulgateurs ainsi que le renforcement de la loi sur la déclaration des biens.
Pour sa part, Fadhel Saïhi, chargé de mission au ministère de la Justice, a rappelé que la Tunisie a promulgué depuis 2003 une loi sur la lutte contre le terrorisme et l’interdiction du blanchiment d’argent qui a comporté des lacunes et des défaillances. “Cette loi doit être révisée afin qu’elle soit en harmonie avec l’évolution des normes internationales dans le domaine de lutte contre le blanchiment d’argent”, a-t-il indiqué.
Selon lui, une vision stratégique basée sur la prévention de la criminalité et l’incrimination de toutes les formes de blanchiment d’argent ainsi que la condamnation des coupables a été adoptée. Il a, également, mis l’accent sur l’importance de réduire les obstacles juridiques qui empêchent de dévoiler la corruption et de garantir la protection des victimes, des témoins et des dénonciateurs.
De son côté, Mme Françoise Millecam, chef de coopération à la Délégation de l’Union européenne en Tunisie, a souligné que le rejet d’hommes d’affaires et de gouvernants corrompus constitue une des motivations à l’origine du déclenchement de la révolution tunisienne. Elle estime que le coût économique induit par la corruption dans l’Union européenne s’élève à 120 milliards d’euros, soit 1% du PIB de l’UE.
“Les Etats membres de l’Union ont tous gelé les avoirs mal acquis de la Tunisie et des réunions bilatérales avec les pays du Benelux sont organisées périodiquement afin d’accélérer le processus de récupération des biens”, a-t- elle révélé.
Mme Millecam a, par ailleurs, souligné l’importance de consacrer l’indépendance de la magistrature et de renforcer le rôle de la société civile et des médias afin de lutter efficacement contre la corruption, réaffirmant la disposition de l’Union européenne à aider la Tunisie dans ce domaine.
WMC/TAP