à la grève générale le 26 septembre 2012, à Athènes le 25 septembre 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[25/09/2012 14:17:09] ATHENES (AFP) La Grèce sera à nouveau au coeur des préoccupations de la zone euro mercredi, jour de grève générale contre des mesures d’austérité supplémentaires en préparation, sur fond de rencontres entre la chancelière allemande, la patronne du FMI et le président de la BCE.
Les deux principaux syndicats du pays GSEE et Adedy appellent à une grève générale de 24 heures mercredi, la troisième de l’année, avec manifestations pour protester contre le nouveau train d’économies difficilement négocié entre la troïka des créanciers du pays (UE-BCE-FMI) et le gouvernement de coalition dirigé par le conservateur Antonis Samaras.
Les prêteurs internationaux semblent divisés sur la stratégie à tenir vis-à-vis du pays, dont l’économie continue de s’enfoncer dans la récession, en dépit des milliards d’euros reçus dans le cadre de son sauvetage financier, qui a démarré en mai 2010.
La nécessité d’une troisième intervention de soutien paraît gagner du terrain parmi partenaires et prêteurs du pays.
Le ministère grec des Finances a ainsi confirmé mardi qu’un possible rééchelonnement du remboursement de créances grecques détenues par la Banque Centrale Européenne (BCE) était “examiné” pour combler le déficit de financement du pays.
Selon le ministre-adjoint, Christos Staikouras, cette opération assimilable à un début de restructuration de dette, pourrait porter sur des obligations “d’une valeur d’environ 28 milliards d’euros” arrivant à maturité entre 2013 et 2016.
La patronne du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a mis les pieds dans le plat lundi à Washington en mettant en avant un “problème de financement du pays” et soulignant que le problème de la dette grecque “devra être réglé”.
A Bruxelles, une source européenne a confirmé mardi qu’il faudra “réévaluer la situation” compte tenu du trou de financement auquel est confronté Athènes. “On peut appeler cela un troisième programme d’aide ou un deuxième programme réajusté” a-t-elle affirmé.
Alors que l’Espagne est également sur la sellette, la chancelière allemande Angela Merkel reçoit Mme Lagarde mercredi, après un entretien, mardi, avec le président de la BCE Mario Draghi.
A quelques jours d’une réunion cruciale des ministres des Finances de la zone euro consacrée à la Grèce, les agendas et horaires de ces rencontres n’ont pas été dévoilés et aucune conférence de presse n’est prévue.
En Grèce, dans un pays à genoux où le parti néonazi Aube Dorée, qui a fait irruption au parlement en juin, ne cesse de voir son audience monter dans les sondages, la société est arrivée à un point de tension extrême après plus de deux ans de régime de rigueur.
Après les violences ayant émaillé en février les manifestations contre le vote du deuxième plan de sauvetage, ce climat fait craindre au politologue Ilias Nikolakopoulos un dérapage dans les manifestations prévues mercredi.
Les mesures en discussion – combinant coupes de salaires, pensions et aides sociales à des réformes structurelles pour moderniser l’Etat, introduire la concurrence et lutter contre la corruption – doivent permettre à la Grèce de réduire de 11,6 milliards d’euros ses dépenses publiques et augmenter ses recettes de 2 mds.
Le vote de ce paquet au Parlement est la condition du déblocage d’une tranche de 31,5 milliards d’euros des prêts UE-FMI, destinée notamment à recapitaliser les banques grecques.
Mais les trois responsables de la troïka ont quitté vendredi la Grèce sans avoir réussi à boucler entièrement les mesures, indiquant marquer une pause dans les négociations et revenir dans “environ une semaine”. La presse grecque a surtout souligné l’intransigeance du représentant du FMI qui aurait exigé encore plus de coupes.
En février, la Grèce s’était engagée à ramener graduellement son déficit budgétaire dans les clous européens, à 2,1% du PIB en 2014, après 7,3% en 2012 et 4,6% en 2013. Le pays voudrait maintenant obtenir deux ans de plus pour y parvenir, afin de s’extraire du cercle vicieux dans lequel il est tombé.
L’austérité imposée pour régler la crise financière a débouché sur une chute de la consommation et de l’activité. Le PIB est en chute libre. Du coup, pour tenir les objectifs d’ajustement budgétaire, il faut sans cesse accentuer la sévérité des mesures. Qui en retour alimentent la crise économique, et la contestation.
Les Grecs voient ainsi fondre leurs revenus alors que les impôts ne cessent de gonfler pour les salariés, fonctionnaires et retraités, sans que soient traités les problèmes d’évasion fiscale endémiques du pays.