Le président de la chambre syndicale de l’enseignement supérieur privé est dans le désarroi total. Le secteur, qui a longtemps subi les dérives de l’ancien régime, ne semble sorti de l’auberge, malgré la révolution… avec des blocages de tous ordres. «Les mêmes problématiques persistent. Il y a une incompréhension de la par du gouvernement de l’importance du secteur. On a eu une première réunion avec notre ministre de tutelle concernant la réforme du système éducatif public et privé, mais rien n’a encore été fait jusqu’ici en ce qui nous concerne», regrette Abdellatif Khammassi.
Le secteur de l’enseignement supérieur privé compte, actuellement, plus de 40 établissements. Mais il souffre, selon les professionnels, de la marginalisation. L’octroi des agréments pour les nouvelles licences se fait au compte-goutte, ne répondant pas aux aspirations de développer le rendement du secteur à tous les niveaux.
Insuffisances…
Pour cette année universitaire, le ministère de tutelle a annoncé qu’il vient d’octroyer 14 licences de base, 21 licences appliquées et 3 diplômes nationaux d’ingénieur pour dix universités privées. Mais ceci n’est pas suffisant, selon M. Khammassi. «Sur une moyenne de dix demandes de licences, deux ou trois ont été octroyées par université; ce qui est insuffisant», lance-t-il.
Le ministère a aussi indiqué qu’il a donné son accord pour la création de deux nouveaux établissements, à savoir l’Ecole supérieure d’ingénierie et de technologie appliquée à Sousse et l’Ecole supérieure international privé de technologie. Mais notre interlocuteur nous affirme que l’accord a été donné sans faire appel à la chambre. Selon lui, la procédure habituelle exige que la chambre soit consultée sur de nouvelles créations dans le secteur.
D’un autre côté, M. Khammassi indique qu’il est très urgent de réviser la loi 59-2008, «faite sur mesure», complétant la loi 73-2000. Elle stipule l’augmentation du capital social de 150 mille dinars à 2 millions de dinars. Une procédure appliquée même sur les établissements déjà existants à cette date. D’ailleurs, certains ont été contraints d’augmenter leur capital, au risque de s’endetter, alors que certains ont quasiment fermé. «C’était injuste», souligne M. Khammassi.
Incompréhension…
La loi exige également le changement des appellations des établissements d’enseignement supérieur privé: faculté, école ou institut au lieu d’université. Ce qui limite aussi son champ d’exécution dans une seule spécialité alors que les professionnels voudraient développer plusieurs spécialités dans leurs établissements.
Le président de la chambre appelle, enfin, les autorités de tutelle à intégrer l’enseignement supérieur privé dans les efforts de réforme du système éducatif national et à le sortir de sa marginalisation. «Nous voulons être écoutés et compris. Les autorités ne prennent pas conscience de nos problèmes. Elles continuent à nous négliger», souligne-t-il.
L’enseignement supérieur privé fait partie du paysage éducatif en Tunisie et dans le monde. Personne ne peut nier, aujourd’hui, son impact sur la qualité de la formation et au niveau du marché de l’emploi. Une réforme de l’enseignement supérieur devrait inévitablement engager tous les acteurs du secteur, publics ou privés, afin qu’elle soit complète.