à New York (Photo : Emmanuel Dunand) |
[27/09/2012 06:50:27] NEW YORK (Nations unies) (AFP) Les Etats-Unis ont annoncé leur volonté d’autoriser les importations de produits birmans, une étape majeure dans la normalisation des relations bilatérales, saluée avec enthousiasme jeudi à Rangoun.
La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a annoncé cette mesure en marge de l’assemblée générale de l’ONU en rencontrant le président birman Thein Sein dans un hôtel de New York.
“Nous allons commencer à lever les restrictions aux importations de biens birmans aux Etats-Unis” en guise de “reconnaissance des progrès continus sur la voie des réformes” en Birmanie, a-t-elle déclaré.
“Les Etats-Unis font un pas de plus dans la normalisation de leurs relations commerciales avec Rangoun”, a ajouté la chef de la diplomatie américaine, faisant le voeu que le pays asiatique dispose de plus d’opportunités “pour vendre ses produits sur notre marché”.
“Le peuple de Birmanie est très satisfait (…). Nous sommes très reconnaissants à l’égard des Etats-Unis”, a répondu Thein Sein, qui s’exprimera jeudi à l’ONU, auréolé des profondes réformes engagées depuis 18 mois.
Convaincu de la sincérité du nouveau leader birman, Washington avait mis fin en juillet à la plupart des restrictions sur ses investissements en Birmanie, y compris dans le gaz et le pétrole.
Un nouvel ambassadeur américain a été envoyé, une première depuis 22 ans, et Thein Sein a été retiré de la liste noire des personnalités faisant l’objet de sanctions. Mais le Congrès maintenait jusqu’à présent l’embargo sur les importations imposé en 2003.
Les Etats-Unis achetaient alors essentiellement du bois, des pierres précieuses et du textile à la Birmanie. L’administration américaine et le Congrès vont devoir maintenant examiner chaque catégorie de produits pour lever les restrictions, selon un responsable du département d’Etat.
A Rangoun, l’annonce a suscité des réactions enthousiastes après cinquante ans de pouvoir militaire qui ont laissé l’économie exsangue.
“Le peuple ne va pas en bénéficier immédiatement. Mais je pense que ce sera bon à long terme”, a estimé Ohn Kyaing, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi.
Le député a “salué” le fruit de récentes “discussions tripartites” entre Clinton, le président et l’opposante, présente aux Etats-Unis depuis plusieurs jours et reçue avec tous les honneurs, jusqu’au bureau ovale du président Barack Obama.
Libérée de résidence surveillée fin 2010, la prix Nobel de la paix est désormais députée et chef de l’opposition parlementaire. Elle avait elle-même la semaine dernière plaidé pour la levée des sanctions.
ésident Thein Sein, le le 19 août 2012 à Naypyidaw |
Et alors que certains analystes craignaient que sa présence à Washington ne fasse de l’ombre au président, il est “clair que Thein Sein et Aung San Suu Kyi forment une équipe très efficace”, a relevé le responsable du département d’Etat.
Une image que tous deux ont manifestement décidé de cultiver: Une photo en Une du quotidien New Light of Myanmar jeudi montrait l’ancien général recevoir Suu Kyi dans un hôtel de New York.
Sans doute la première rencontre à l’étranger entre ceux qui étaient ennemis il y a deux ans, mais dont les relations n’ont cessé de s’améliorer depuis et sont aujourd’hui considérées comme une des clés de voûte de la réussite du processus de réformes.
Depuis la dissolution de la junte en mars 2011, la Birmanie a complètement changé de visage. Thein Sein a fait libérer des centaines de prisonniers politiques et signé des cessez-le-feu avec plusieurs groupes rebelles des minorités ethniques.
Le monde des affaires birman espérait jeudi que le paysage économique change à son tour, alors que le gouvernement a lancé un seconde vague de réformes axées cette fois sur l’appareil productif.
“Il va y avoir des opportunités d’emplois pour les ouvriers de l’industrie textile”, s’est réjouit Myat Thin Aung, membre de la chambre de commerce et d’industrie de Birmanie, en relevant que son pays n’avait jamais retrouvé les volumes d’exportations enregistrés avant l’embargo.
“Nous attendons ça depuis 2003, je suis ravi”, s’est réjouit pour sa part Aung Win, vice-président de l’Association des producteurs de textile, ajoutant pourtant que son pays aurait beaucoup faire, sur le plan législatif notamment, avant que ne tombent les premières commandes.