Tunisie : Les constituants se saisissent du dossier dit de “gaz de schiste”

Par : TAP

Chokri Yaiche, membre de l’Assemblée nationale constituante (ANC), a appelé à la nécessité de former une commission d’experts qui sera chargée d’examiner les opérations de prospection des hydrocarbures non conventionnels en Tunisie. Cette commission, précise M. Yaiche (doctorat d’Etat en géologie), pourra regrouper des experts de l’Entreprise Tunisienne d’Activités pétrolières (ETAP), de l’Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Energie (ANME), outre un expert en géologie des eaux, un autre du ministère de l’Environnement et un membre de l’ANC.

Au cours d’une conférence organisée, à l’initiative des constituants de la Voie démocratique et sociale (Al Masar), il a relevé que la production d’hydrocarbures est estimée à 70 mille barils par jour. Selon les prévisions, à l’horizon 2020, cette production baissera pour se situer à seulement 12 mille barils par jour, a-t-il affirmé.

«La santé de l’Homme ne doit en aucun cas être sacrifiée quel que soit le résultat économique des projets de prospection d’hydrocarbures non conventionnels», a soutenu le constituant, Jalel Bouzid (spécialiste en sciences de la terre). «Le ministère de l’Environnement devrait étudier ce projet avant l’octroi d’un permis à n’importe quelle partie», a indiqué M. Bouzid en réaction à l’annonce, mardi, du ministère de l’Industrie que «des négociations sont en cours, avec la compagnie Shell, concernant le parachèvement de l’examen de l’offre de la société relative à l’exploration du gaz de schiste dans le bassin de Kairouan (centre)».

Le représentant du ministère avait précisé que «le permis d’exploration ne peut être accordé qu’une fois toutes les garanties à même de préserver l’aspect environnemental et les ressources hydrauliques, sont assurées, et ce conformément aux recommandations de la commission consultative des hydrocarbures».

L’experte dans le domaine de la pollution de l’eau, Sabria Barka, a, pour sa part, souligné que l’opération de prospection du gaz de schiste nécessite l’utilisation de grandes quantités d’eau, outre «la mise en place de stations coûteuses de traitement des eaux afin d’éviter leur impact sur la terre et la nappe phréatique».

Le constituant Jamel Touir (docteur en géologie) a relevé que l’extraction des hydrocarbures non conventionnels est devenue une nécessité avec la perspective de la raréfaction des ressources énergétiques actuelles, mais appelle cependant le gouvernement à prendre les précautions nécessaires aux fins d’assurer et protéger l’environnement. Il s’agit en outre d’associer les spécialistes dans les études relatives aux méthodes d’extraction du gaz de schiste, a-t-il soutenu.

Le président de l’Association Tunisienne de la Transparence dans l’Energie et les mines, Soufiène Rekik, a rappelé que le gouvernement avait déclaré, précédemment, avoir accordé des autorisations de prospection d’hydrocarbures non conventionnels à la société Shell «sans demander l’avis des spécialistes». «L’octroi de ces permis qui concernent les régions de Mahdia, Sfax Sud, Kairouan et El Jem, ne mettra pas fin au phénomène de corruption qui se répand dans le secteur énergétique», estime M. Rekik.

Il a par ailleurs revendiqué la promulgation de lois régissant les opérations de prospection et d’extraction des hydrocarbures non conventionnels.

Pour les constituants Nadia Chabaâne et Fadhel Moussa (Al Masar), la société civile doit être associée à tout processus d’examen de ce genre de projets. Les deux constituants ont réitéré le droit du citoyen à prendre connaissance de toutes les informations politiques et économiques, notamment celles qui intéressent sa vie et celle de ses enfants.

WMC/TAP