Bataille familiale pour la tête du crocodile Lacoste

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ésident Michel Lacoste, le 21 février 2012 à Beverly Hills, en Californie (Photo : Frazer Harrison)

[27/09/2012 17:41:36] PARIS (AFP) La présidence du conseil d’administration du groupe Lacoste tourne à la guerre familiale, l’ex-président Michel Lacoste étant décidé à contester devant les tribunaux la nomination lundi de sa fille Sophie Lacoste Tournel pour lui succéder à la tête de la marque au crocodile.

Cette nomination est “irrégulière” car elle a été faite “par un conseil d’admnistration irrégulier”, a déclaré au Monde Michel Lacoste, qui va “contester juridiquement” la nomination, indique le journal.

M. Lacoste, 69 ans, affirme que son mandat d’administrateur n’a pas été renouvelé, et qu’il a été remplacé par Loïc Armand, président de l’Oréal France, pour faire pencher la balance, explique le journal. Il entend contester cette décision ainsi que la nomination par le conseil de sa fille Sophie à sa présidence par six voix contre cinq.

Sophie Lacoste-Dournel, 36 ans, a été élue lundi à la présidence non exécutive de Lacoste SA par le conseil d’admnistration qui avait été renouvelé par les actionnaires réunis le même jour en assemblée générale. Elle est administrateur de Lacoste depuis 2005.

Cette élection a surpris nombre d’observateurs. Selon des informations parues dans Le Figaro et Le Monde, Michel Lacoste ne soutenait pas la candidature de sa fille, lui préférant celle de sa nièce, Beryl Lacoste-Hamilton, 56 ans, qui avait déjà dirigé plusieurs licences du groupe.

Michel Lacoste a contesté jeudi la capacité de sa fille à présider le groupe en affirmant au Monde qu'”elle n’a jamais passé une seule journée de sa vie dans une entreprise et n’a pas les compétences pour diriger un groupe qui se porte bien”.

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ème de la maison Lacoste (Photo : Jean-Pierre Muller)

Interrogée par l’AFP, le groupe Lacoste n’a pas souhaité commenter ces déclarations.

“En m’accordant leur confiance, les actionnaires de Lacoste SA et les membres du conseil d’administration ont validé mon projet pour notre société”, avait déclaré la nouvelle présidente, citée lundi dans un communiqué du groupe.

“Incompétence des actionnaires familiaux”

Sophie Lacoste-Dournel avait exprimé sa “grande fierté d’avoir été choisie pour conduire le processus de transition générationnelle et, du fait du caractère patronymique et familial de notre entreprise, être garante des valeurs de la famille vis-à-vis des actionnaires, de la société, de ses salariés et de ses partenaires”.

Passionnée de théâtre et comédienne, elle est aussi diplômée en gestion de l’université Paris Dauphine et a suivi un cursus de formation à la gouvernance des entreprises familiales à HEC, selon ce communiqué.

Michel Lacoste a mis en cause le groupe suisse Mauss, qui détient 35% de Lacoste SA, et dispose de 3 sièges au conseil, alors que la famille Lacoste porte les 65% restants et compte 5 sièges. Le conseil est complété par 3 administrateurs indépendants.

“Mauss a convaincu la moitié de ma famille de faire alliance avec lui pour prendre le contrôle”, lance M. Lacoste. Il se dit “attristé par la faiblesse et l’incompétence des actionnaires familiaux qui ont été séduits par des mirages”.

Le groupe Mauss est entré au capital de Lacoste en 1998, en rachetant 90% du groupe Devanlay, partenaire de la fabrication mondiale des vêtements frappés du célèbre crocodile vert. L’année suivante, Lacoste a concédé la licence mondiale vêtement de la marque Lacoste à Devanlay.

Michel Lacoste pour sa part a été PDG de Lacoste à partir de 2005, succédant à son frère Bernard, puis est resté président du conseil d’administration après la nomination en avril 2008 de Christophe Chenut comme directeur général.

La société Lacoste, fondée en 1933 par le champion de tennis René Lacoste, a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros en ventes aux détaillants. Le modèle économique de Lacoste est fondé sur la cession de licences à différentes sociétés qui lui reversent des royalties.