Le marché américain, bouffée d’espoir pour l’industrie birmane

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Une usine textile en Birmanie le 27 septembre 2012 (Photo : Ye Aung Thu)

[28/09/2012 13:03:17] RANGOUN (AFP) Après des années de marasme, l’industrie birmane se redécouvre des ambitions grâce à l’ouverture prochaine du marché américain même si, à l’image de toute l’économie du pays asiatique, les changements concrets ne pourront intervenir à très courte échéance.

Un demi-siècle de dictature militaire a laissé l’appareil productif en ruine. Mais après l’avènement d’un régime d’anciens militaires réformateurs en mars 2011, l’Occident a décidé d’aider la Birmanie et de lever progressivement ses sanctions, jusqu’à l’annonce mercredi que Washington allait autoriser l’importation de produits birmans.

“On pourrait assister à de très fortes hausses des exportations birmanes pour certains secteurs qui vont irriguer toute l’économie locale et créer des emplois”, explique Jan Zalewski, de la société de consultants IHS Global Insight.

L’administration Obama et le Congrès américain vont devoir examiner secteur par secteur les détails de cette mesure, ce qui prendra du temps. Mais la lumière semble se dessiner au bout du tunnel de la stagnation économique.

“Les secteurs qui vont probablement profiter le plus de l’accès au marché américain sont l’agriculture, le bois et le textile”, relève Arvind Ramakrishnan, analyste chez Maplecroft.

Mais le pays va faire face “à des difficultés pratiques pour gagner des contrats” et les infrastructures physiques, légales et bancaires vont devoir être “très sérieusement améliorées”.

La production de textile a ainsi subi un coup fatal avec l’embargo américain sur les importations en 2003, destiné à sanctionner la répression de l’opposition birmane par la junte alors au pouvoir.

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Une usine textile en Birmanie le 27 septembre 2012 (Photo : Ye Aung Thu)

Beaucoup de fabricants se sont tournés vers le marché japonais, mais sans jamais retrouver les volumes perdus. D’où le vent d’optimisme qu’a généré l’annonce américaine dans l’usine Maple Trading de la banlieue de Rangoun.

Conney, 40 ans, y travaille depuis 12 ans et se souvient des fermetures consécutives à l’embargo, et de ces femmes qui se sont tournées vers la prostitution pour pouvoir manger.

“Ce serait vraiment bien de faire de bonnes affaires pour que les ouvrières puissent vivre en sécurité. Elles travaillent de l’aube jusqu’au crépuscule et font vivre leurs familles”, explique-t-elle à l’AFP.

Derrière elle, des femmes alignées les unes derrière les autres sous une lumière blafarde cousent à la machine des vestes et des pantalons pour femmes, qui seront vendues au Japon et en Corée du sud.

Compétition mondiale

Aung Win, le patron de cette usine de 700 personnes, est ravi. “Les sanctions nous ont fait très mal. Il y avait 400.000 employés dans les usines de textile et maintenant ils ne sont plus que 100.000”, dit-il. “Il va y avoir plus d’usines, le chômage va descendre et le pouvoir d’achat augmenter”.

Mais la Birmanie va désormais intégrer la compétition mondiale. Si ses coûts de production sont encore inférieurs à ceux du Cambodge ou du Bangladesh, elle va devoir investir lourdement et se plier à une série de réglementations complexes.

“Les coupures d’électricité et les niveaux extrêmes de violations du droit du travail vont être considérés comme des risques importants à moyen terme”, relève l’analyste de Maplecroft.

Et il semble improbable que la Birmanie “devienne un concurrent sérieux des autres producteurs de textile de la région dans un avenir proche”.

D’autant que les groupes étrangers attendent l’adoption d’une loi sur les investissements qui vient d’être renvoyée au parlement par le président.

Une fois encore, un certain attentisme prévaut en Birmanie. Le potentiel est grand mais la tâche l’est tout autant. Et les débats seront compliqués au Congrès américain sur certains secteurs comme les pierres précieuses, dominés par des hommes d’affaires proches de l’ancienne junte, donc qui inspirent une vraie méfiance.

“Les militaires birmans ont conservé une empreinte très forte sur l’économie et les Etats-Unis vont être prudents, pour ne pas amplifier le pouvoir de l’armée à travers la libéralisation du commerce”, souligne Jan Zalewski.