à Paris, le 28 septembre 2012 (Photo : Joel Saget) |
[29/09/2012 09:14:07] PARIS (AFP) En dépit de la passe difficile qu’elle traverse, l’Europe reste incontournable pour les constructeurs automobiles étrangers en raison de sa taille et de son importance comme laboratoire de technologie et de design.
Un peu plus de 13 millions de voitures ont été immatriculées dans l’Union européenne en 2011, ce qui en fait le troisième marché automobile mondial derrière la Chine et les Etats-Unis malgré le recul observé cette année.
“Il n’y a pas de croissance significative du marché à attendre aux Etats-Unis ou en Europe, mais ça ne veut pas dire que ces marchés n’ont pas d’intérêt”, explique le président de l’Organisation internationale des constructeurs de voitures (OICA), Patrick Blain, à l’occasion du Salon automobile de Paris, qui ouvrait samedi ses portes au grand public.
“Près de 15 millions de voitures sont vendues aux Etats-Unis par an, l’Europe ce sont 12 millions cette année, ça remontera peut-être à 15 millions. Ca fait un paquet de voitures, les constructeurs ne peuvent pas se passer de ce marché”, poursuit-il.
Les sud-coréens à l’assaut du vieux continent
Après les japonais pionniers dans les années 80, les sud-coréens sont parties à l’assaut du Vieux continent, suivis par des marques comme l’américain Chevrolet. Tous font désormais partie du paysage automobile en Europe, au point de faire de l’ombre aux constructeurs européens dans leur arrière cour.
Avec des modèles comme la Picanto, Kia Motors, la filiale de Hyundai, détient 2,1% du marché européen et vise les 3% de part de marché en Europe d’ici à 2016, indique son directeur général pour la France Frédéric Verbitzky.
“En France, nous visons 3,3% de part de marché en 2016 contre 1,8% attendu cette année”, ajoute-t-il, soulignant que Kia espère intégrer “le top 10 des marques généralistes en France”.
L’autre marque sud-coréenne, Hyundai, qui commercialise le SUV Santa Fe, s’est pour sa part fixé comme objectif 1,4% de part de marché en France cette année.
Propriété du groupe américain General Motors, Chevrolet voit ses parts augmenter en Europe malgré la conjoncture, explique son directeur pour la France Ludovic Dirand, avec 1,4% à fin août.
“En France, on a réalisé en 2011 notre cinquième année consécutive de croissance. Nous battrons ce record aussi bien en volume qu’en parts de marché cette année”, assure-t-il, grâce à une gamme complétée avec des modèles comme la petite Spark ou le SUV Trax.
Pour autant, la partie n’est pas facile. “L’Europe est clairement la région la plus compliquée à gérer au monde, en raison des différences entre ses marchés, ses réglementations, ses taxes”, notamment en termes de consommation de carburant et de réduction de CO2, reconnaît Patrick Gourvennec, le directeur général de Hyundai France.
“Mais c’est aussi un marché qui permet de se confronter à une concurrence très vive et de s’améliorer”, souligne-t-il. “Quant à la France, elle reste associée au luxe et au prestige et il est donc important pour la marque d’y réussir”, relève-t-il.
“Il est vraiment très facile de perdre de l’argent en Europe si l’on ne fait pas attention”, reprend Karl Schlicht, le vice-président exécutif chargé des ventes et du marketing pour l’Europe de Toyota.
“C’est très difficile ici, mais la créativité, le design, la technologie, les idées, toutes ces choses continuent de venir d’Europe et quand vous pensez aux marchés émergents, beaucoup de consommateurs chinois regardent vers l’Europe pour le luxe ou les marques”, relève-t-il.
Pour Patrick Blain, il est plus que jamais essentiel d’investir en Europe, mais dans l’innovation. “Il y a trop d’usines en Europe”, affirme-t-il. “Il faut construire des usines, mais là où il y en a besoin”.
En Europe, “il faut investir (…) mais dans l’innovation, alors qu’il faut investir dans la production dans les émergents, c’est-à-dire là où l’on a besoin de voitures”.