à Florange le 27 septembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[30/09/2012 20:39:23] PARIS (AFP) L’arrêt définitif des deux hauts fourneaux de Florange devrait être annoncé lundi matin à l’occasion d’un comité central d’entreprise (CCE) convoqué par la direction d’ArcelorMittal au siège du numéro un mondial de l’acier.
La perspective de les voir rallumés après 14 mois de fermteure est quasi nulle, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et son ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, n’ayant pas caché la semaine dernière leur pessimisme en la matière.
Le CCE aura lieu au siège du groupe à Saint-Denis, dans la banlieue parisienne, avec un seul point à son ordre du jour: “Information sur la situation économique et industrielle d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine”.
Si l’arrêt de ces deux hauts fourneaux de Florange était annoncé, il entraînerait le chômage pour près de 600 personnes parmi les quelque 2.500 salariés du site, sans compter les sous-traitants.
Lakshmi Mittal, PDG d’ArcelorMittal, qui été reçu jeudi dernier en tête à tête à l’Elysée par le président François Hollande, estime trop faible en Europe la demande d’acier et trop cher son coût de fabrication, en France notamment. Un constat qui l’a déjà conduit à fermer temporairement 16 des 25 hauts fourneaux de son groupe sur le continent européen, et deux définitivement, à Liège en Belgique.
à Florange le 27 septembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
En 2011, la production d’acier dans l’Union européenne s’est élevée à 177,4 millions de tonnes soit 16% de moins que le niveau de 2007 (210,8 mt), selon les données de la World Steel Association (WSA).
La crise aidant, la demande d’acier en Europe a baissé d’un quart par rapport à 2007. Un constat également relevé par l’expert Pascal Faure dans son rapport remis fin juillet au nouveau gouvernement.
Pour autant, Lakshmi Mittal souhaiterait conserver une partie des installations du site, la cokerie, afin d’alimenter un autre site du groupe, celui de Dunkerque, d’un accès facile en raison de sa situation géographique au bord de la mer.
Mais cette segmentation du site, cokerie d’une part, hauts fourneaux de l’autre, rendrait plus difficile encore la reprise éventuelle des seuls hauts fourneaux.
“Scinder en deux n’aurait aucune cohérence industrielle”, expliquait l’un des salariés en marge de la venue d’Arnaud Montebourg à Florange la semaine dernière.
Une incohérence qui pourrait être levée, selon Libération, pour qui Lakshmi Mittal aurait accepté de vendre uniquement les hauts fourneaux.
Florange, symbole de désindustrialisation de la France
Si la CGT et FO du site prônent la nationalisation ou l’entrée de l’Etat dans le capital pour y disposer d’une minorité de blocage capable de peser sur les décisions, le gouvernement Ayrault préfère le vote d’une loi contraignant un industriel à céder une usine rentable dont il souhaiterait se débarrasser.
Une proposition de loi en ce sens devrait être discutée dès la semaine prochaine au Parlement.
Lors de sa campagne présidentielle le candidat François Hollande avait mis en avant cette obligation, ne reprenant cependant pas à son compte l’idée d’une interdiction des “licenciements boursiers” voulue par une partie de la gauche.
Depuis plusieurs mois, Florange, comme son site voisin de Gandrange fermé en 2009, symbolise en partie la désindustrialisation de la France.
François Hollande y est venu pour exprimer sa solidarité avec les salariés déçus, selon lui, par les promesses non tenues d’investissements publics faites par l’ex-président Nicolas Sarkozy.
En mars dernier, en pleine campagne électorale, quelque 200 métallos avaient tenté en vain de faire entendre leur voix devant le QG parisien du candidat Sarkozy.
Une fois élu, François Hollande s’était empressé de recevoir à l’Elysée l’intersyndicale de Florange.
Lundi, une fois le CCE terminé, les représentants syndicaux auront la lourde tâche d’informer leurs collègues métallos, qui les auront accompagnés en nombre, des décisions de Lakshmi Mittal.