és et syndicalistes le 27 septembre 2012 à Florange (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[01/10/2012 04:26:10] PARIS (AFP) La direction d’ArcelorMittal devrait annoncer lundi matin lors d’un comité central d’entreprise (CCE) la fermeture définitive des hauts fourneaux de Florange à l’arrêt depuis 14 mois, affaiblissant plus encore la tradition sidérurgique lorraine.
Le CCE se réunit au siège du groupe à Saint-Denis, dans la banlieue parisienne, avec un seul point à son ordre du jour: “Information sur la situation économique et industrielle d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine”.
Si cet arrêt définitif est prononcé, quelque 600 salariés des 2.500 du site de Florange se retrouveront au chômage, sans compter les sous-traitants.
C’est précisement pour éviter ce désastre social, dans une région déjà très largement affectée par la fermeture de nombreux sites sidérugiques – le dernier en date étant du site ArcelorMittal de Gandrange en 2009 – que le nouveau gouvernement a sonné la mobilisation générale.
Le président François Hollande a ainsi reçu à l’Elysée Lakshmi Mittal. Le Premier ministre Jean Marc Ayrault, son ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, et même la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, ancienne élue de la région, sont montés au créneau. L’idée de l’Etat étant que si la fermeture des hauts fourneaux est actée, ces derniers puissent être rachetés en dépit du refus du propriétaire.
C’est précisement l’objet de la proposition de loi que le groupe socialiste doit déposer dans la semaine, permettant le rachat de sites aux industriels qui veulent s’en débarrasser. Le texte devrait être voté d’ici la fin de l’année.
Pour des raisons de logique industrielle, la direction d’ArcelorMittal s’est jusqu’à présent refusée à dissocier l’ensemble des installations du site de Florange, comprenant notamment les hauts fourneaux et la cokerie qui alimente un autre de ses usines, celle de Dunkerque.
Lakshmi Mittal plus souple?
Il semble, selon Libération, que Lakshmi Mittal soit désormais disposé à céder les hauts fourneaux de Florange. Si tel est le cas, Arnaud Montebourg a d’ores et déjà fait savoir que l’Etat serait prêt à les racheter pour un euro symbolique avant de les revendre à un repreneur.
à Florange le 27 septembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
De plus, Arnaud Montebourg demande à la direction d’ArcelorMittal d’injecter au moins 150 millions d’euros sur la partie du site qu’elle conserverait.
ArcelorMittal justifie l’arrêt des hauts fourneaux de Florange, après ceux de Gandrange, par une forte baisse de la demande d’acier dans le monde et un coût de production trop élevé en Europe.
La World Steel Association (WSA) estime à 25% la baisse des commandes d’acier dans le monde depuis 2007. Un constat également relevé par l’expert Pascal Faure dans son rapport remis fin juillet au nouveau gouvernement.
Toutefois, cet expert n’exclut pas un renversement de tendance dans les prochains mois, nourrissant ainsi le relatif optimisme du ministre Montebourg.
Lakshmi Mittal a déja tranché: 16 des 25 hauts fourneaux européens de son groupe sont désormais fermés pour une durée indéterminée, et deux le sont définitivement, ceux de Liège en Belgique.
L’annonce probable de la fermeture des hauts fourneaux de Florange, et leur éventuelle reprise par un industriel qui n’aurait la maîtrise que d’une partie du cycle de fabrication, renvoit à la dégringolade du tissu sidérurgique lorrain depuis le début des années soixante-dix.
Le choc pétrolier de 1973, le ralentissement mondial des commandes, l’irresistible montée en puissance des producteurs asiatiques, ont déjà largement contribué à l’affaiblissement de l’acier lorrain, longtemps au coeur de révolution industrielle française.
La fermeture de Florange scellerait ainsi “la fin d’un monde”, selon les historiens locaux.