L’Espagne sous l’oeil des Européens, sur le chemin du sauvetage

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çoit le commissaire européen Olli Rehn, le 1er octobre 2012 à Madrid (Photo : Dominique Faget)

[01/10/2012 11:32:16] MADRID (AFP) Le commissaire européen Olli Rehn fait étape lundi à Madrid au premier jour d’une semaine à hauts risques pour l’Espagne, plus fragilisée que jamais, qui pourrait devenir le quatrième pays de l’Union européenne à demander un sauvetage financier.

Nouveau dérapage du déficit malgré un budget de rigueur, emballement de la dette publique, fronde nationaliste en Catalogne, manifestations contre l’austérité: la crise s’amplifie dangereusement pour la quatrième économie de la zone euro.

“L’Espagne affronte plusieurs foyers de tension. Bien que le budget 2013 vise au respect de l’objectif de déficit de 4,5% du PIB, la demande d’assistance financière à l’Union européenne reste une inconnue”, remarquent les analystes de Bankinter.

La demande pourrait être précipitée par le verdict imminent de l’agence Moody’s, qui menace de dégrader le pays au rang des emprunteurs à risques, avec pour conséquence une nouvelle plongée de la confiance des investisseurs et des difficultés accrues à se financer.

“Le fort accroissement du poids de la dette peut provoquer, et les investisseurs redoutent que cela n’arrive cette semaine, la révision à la baisse de la note souveraine de l’Espagne”, souligne la maison de courtage Link Securities.

“Cela rendrait beaucoup plus difficile le financement de l’Espagne sur les marchés et accélérerait la demande de sauvetage”.

Car parmi l’avalanche de mauvaises nouvelles des derniers jours, le gouvernement a dû admettre que les milliards d’euros d’argent public qui seront injectés dans les banques creuseront en 2012 la dette publique à 85,3% du PIB et le déficit à 7,4%, loin des 6,3% promis à l’Europe.

Pour 2013, les perspectives s’aggravent encore, avec une dette qui devrait gonfler jusqu’à 90,5% du PIB.

“Si Moody’s annonce qu’elle dégrade l’Espagne au niveau spéculatif, nous considérons presque impossible que le gouvernement continue à retarder sa demande d’aide”, ajoute Link Securities, qui prédit: “La solution, dans quelques jours”.

“Il est de plus en plus probable que l’Espagne demande de l’aide dans les deux prochaines semaines”, estime pour sa part Holger Schmieding, de la banque allemande Berenberg.

Dans ce contexte brouillé, Madrid affronte un calendrier de plus en plus serré, avant une réunion de l’Eurogroupe le 8 octobre.

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à Madrid (Photo : Dani Pozo)

Dès ce lundi, le commissaire européen aux Affaires économiques rencontre à Madrid le chef du gouvernement de droite Mariano Rajoy et son ministre de l’Economie, Luis de Guindos, officiellement pour analyser les résultats de l’audit indépendant sur les banques publié vendredi.

Cet audit devait justement permettre de rassurer le marché: la facture devrait se limiter à environ 40 milliards d’euros, selon le gouvernement, sur une enveloppe maximum de cent milliards prévue par la zone euro.

Moody’s a toutefois prévenu lundi que ce montant risque de ne pas être suffisant.

L’annonce par Banco Popular, la cinquième banque espagnole, d’une augmentation de capital allant jusqu’à 2,5 milliards d’euros, suivie par une plongée du titre à la Bourse de Madrid, est d’ailleurs emblématique de la fragilité persistante du secteur.

Une fois connus les chiffres sur les besoins des banques, puis ceux du budget 2013, assorti de 39 milliards d’euros d’économies et un plan de 43 réformes, l’Espagne semble avoir anticipé de nouvelles exigences de Bruxelles, se préparant à un éventuel sauvetage.

Jeudi, elle affrontera un nouveau test avec une émission d’obligations à deux, trois et cinq ans, alors que la Banque centrale européenne (BCE), institution-clé pour résoudre la question espagnole, tiendra sa réunion mensuelle en Slovénie.

La BCE a apaisé les marchés en dévoilant début septembre des mesures de soutien pour les pays fragiles de la région, via des achats d’obligations: mais depuis la tension est revenue et les taux d’emprunt espagnols sont repartis à la hausse.