Tunisie – Agriculture- Grandes cultures : Les difficultés des céréaliculteurs

Par : TAP

“L’insuffisance des engrais azotés, le surendettement et l’accès difficile au financement sont les principaux problèmes rencontrés par les agriculteurs qui se préparent actuellement à une nouvelle saison de grandes cultures”, a indiqué Omar El Bahi, secrétaire général de l’UTAP (Union Tunisienne de l’agriculture et de la pêche).

Pour cette nouvelle saison agricole 2012-2013, qui démarre le 15 novembre 2012 et se poursuit jusqu’à mi- décembre, le département agricole table sur l’emblavage de 1,5 millions hectares.

La persistance de ces problèmes au début de cette saison peut entraver la réalisation de cet objectif, d’après M. El Bahi.

Dans une déclaration à la TAP, le responsable a évoqué un manque dans la matière de diammonium de phosphate (DAP), ce qui a obligé les autorités de tutelle à arrêter sa vente pour dissuader les contrebandiers à commercialiser, illégalement cet engrais subventionné par l’Etat et dont le prix sur le marché local est estimé à 475 dinars la tonne contre 650 dollars la tonne sur le marché international.

La moyenne de consommation national de DAP est estimée à environ 70 mille tonnes/an.

D’après le responsable de l’UTAP, le commerce illégal de ce produit commence à être maitrisé par le biais de diverses mesures dont le renforcement du contrôle et l’arrêt momentané de sa vente.

Evoquant le problème de l’endettement et le financement de la saison agricole, M. El Bahi estime que ce problème “pèse lourd sur les agriculteurs, notamment, les céréaliculteurs”, revenant sur l’accès difficile des agriculteurs aux crédits en raison de “la rigueur des banques commerciales”.

“Les investissements réservés au financement de la nouvelle saison, estimés à 60 millions de dinars, sont “très faibles” par rapport aux coûts de préparation des terres”, a-t-il dit, précisant que ce coût peut atteindre 1000 dinars par hectare dans les régions du Nord.

Il a évoqué également les répercussions de la régulation des prix des hydrocarbures, notamment, le Gasoil sur le coût de production, estimant que “le gouvernement n’a pas pris l’initiative de réviser, en parallèle, les prix de référence des céréales, inchangés depuis 2010”.

Le responsable propose une augmentation de 7 dinars pour le quintal en vue de soutenir l’agriculteur et d’alléger ses charges.

Oussama Kheriji, directeur adjoint des céréales au ministère de l’Agriculture, a évoqué, de son côté, à la TAP, la difficulté d’accès aux crédits saisonniers”, précisant que parmi 250 mille céréaliculteurs, seulement 2500 bénéficient de crédits agricoles saisonniers.

M. Oussama Kheriji a fait remarquer que le financement reste “le maillon faible” du secteur agricole, affirmant que le département de l’agriculture s’est bien préparé pour assurer un bon démarrage à la nouvelle saison 2012- 2013.

Les préparatifs dans ce sens ont porté, essentiellement, sur la garantie des quantités requises de semences sélectionnées et d’engrais chimiques afin d’éviter les éventuelles difficultés.

D’après les statistiques, les superficies totales consacrées aux grandes cultures pour cette saison sont estimées à 1,5 millions hectares dont 877 mille ha au Nord et 633 mille ha au Centre et au Sud du pays.

700 mille hectares seront emblavés de blé tendre, 665 mille ha d’orge, 145 mille ha de blé dur et 12 mille ha de triticale.

“L’opération de conditionnement des semences est en cours”, a indiqué le responsable, ajoutant que 42% des quantités de céréales collectées ont été conditionnées.

Des premières quantités de céréales (37 mille quintaux) ont été mises à la disposition des agriculteurs dans les régions depuis août dernier, et ce, à fin de faciliter l’approvisionnement en semences et d’éviter tout encombrement.

Le Ministère de l’agriculture va créer, d’après le responsable, une commission technique mixte pour assurer le suivi des conditions de stockage et de distribution des semences.

Pour ce qui est des engrais, M. Khriji a fait valoir qu’il y a une pression sur la matière Di-Aminium de Phosphate (DAP), fait qui a amené les autorités à prendre des mesures urgentes visant à arrêter les ventes à fin de faire face au phénomène de la contrebande et de blocquer le trafic déloyal de cette matière au profi du marché libyen.

En Tunisie, la moyenne de consommation nationale de DAP, un engrais subventionné, est estimée à 70 mille tonnes pour un prix de 475 dinars la tonne contre environ 650 dollars la tonne sur le marché international.

WMC / TAP