« La responsabilité sociale est l’ADN de l’entreprise » a déclaré Tarek Chérif, président de la Conect lors de la conférence de presse organisée mardi 2 octobre 2012 pour annoncer la deuxième édition du Forum International des Pionniers de la Responsabilité sociétale des Entreprises et de la croissance verte inclusive en Afrique qui se tiendra les 21 et 22 novembre à Tunis.
Les entreprises ont aujourd’hui le devoir de prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leur activité et adopter de meilleures pratiques dans une logique qui associe les bénéfices économiques, la responsabilité sociale et l’écoresponsabilité et celles évoluant en Afrique ne feront pas exception.
« Pour la première fois, la problématique de la RSE sera posée à l’échelle africaine adossée sur une étude qui répondra à une question fondamentale : Pourquoi la RSE n’est pas assez implantée en Afrique » a indiqué Thierry Téné, co-fondateur de l’Institut Afrique RSE et coorganisateur du Forum avec la Conect.
En marge du Forum, deux journées seront consacrées à la formation des DRH sur la responsabilité sociétale dans le contexte africain. Un Forum qui sacrera un partenariat public/privé par la création du réseau africain des responsables RSE et développement durable. 20 pays se sont d’ores et déjà montrés intéressés par ce réseau et ont proposé d’en être les membres fondateurs.
« Pour nous Africains, le fait d’avoir adopté les articles 46 et 47 lors du dernier Sommet ‘’Rio + 20’’ est un succès. Car on y mentionne clairement l’obligation des entreprises à réaliser un reporting RSE. Et nous avons aujourd’hui le devoir de les rappeler à l’ordre si elles n’assurent pas » assure Thierry Téné qui a ajouté que le célèbre mot « Dégage » cité des milliers des fois en Tunisie revêt un autre sens dès qu’il s’agit des entreprises : « J’estime que tenir à « dégager » un patron plutôt qu’un autre prouve en quelque sorte le respect de certains des dimensions sociales et environnementales dans la gestion de leurs projets et l’indifférence des autres quant à ces critères importants aujourd’hui dans la pérennisation de l’entreprise et le retour sur investissement»
Pour 20 millions de $ investis par l’ONUDI en Tunisie, Egypte et Maroc et touchant 43 sociétés, on a pu réaliser 16 millions de $ d’économie par an, a indiqué Thierry Téné qui a rappelé le rôle de la démarche RSE dans la préservation des ressources énergétiques et la lutte contre la population : « C’est un outil de compétitivité, car respecter la nature et l’homme est un argument plus que vendeur ». Pour conserver ses clients et conquérir de nouveaux marchés, les critères de développement durable représentent des références incontournables. Une entreprise responsable socialement respectueuse de son environnement ne peut qu’améliorer son image, développer son chiffre d’affaire, se positionner sur de nouveaux marchés et diversifier son offre.
Le Label RSE : vendeur à tous les coups
«Etre labellisé RSE est la meilleure preuve que le management reconnait le travail des uns et des autres, associe et implique les agents aux décisions de l’entreprise, respecte leurs droits, se soucie de leur bien être et respecte l’environnement. Et nous devons reconnaître, nous Tunisiens, que le Maroc nous a dépassé en matière de labellisation RSE d’où la nécessité d’intégrer au plus vite cette dimension dans nos entreprises et de lui accorder l’importance qui lui est due. En tant que Conect, nous nous emploierons à plaider pour la RSE mais nous aurons besoins des médias, d’appuis institutionnels et des syndicats qui sont nos partenaires directs » a tenu à préciser Tarek Chérif.
Les syndicats qui ne doivent pas confondre entre responsabilités sociales de l’entreprise et surenchères pour mettre les outils productifs du pays à genoux en imposant des rapports de forces qui ne peuvent que mener à la destruction du tissu entrepreneurial : «Heureusement pour nous, tous les syndications ne raisonnent pas de cette manière, il y en a qui prennent en compte l’intérêt de l’entreprise car sans elle, il n y aura plus de richesses, plus de postes d’emplois et on ne pourra plus surenchérir sur quoi que ce soit» observe le président de la Conect.
Mais pour que le concept RSE se développe dans nos pays, il va falloir lutter contre d’autres fléaux comme le commerce parallèle ou les activités informelles qui mettent sur le marché des produits à bas prix réalisés dans des conditions inhumaines et concurrencent les produits locaux respectueux des lois et réglementations en vigueur en matière de RSE : «J’appelle les médias à sensibiliser les consommateurs aux dangers des produits importés de l’Asie sur notre propre économie. Car dans ces pays non seulement, il n y a aucun respect de la législation du travail mais on peut aller jusqu’à employer des enfants pour les payer moins cher. Il ne faut pas encourager les produits viciés».
Aujourd’hui, les critères financiers, la qualité des produits et leurs provenances ne sont plus les seuls facteurs déterminants dans leur mise sur le marché. D’autres critères entrent en compte pour la valorisation de l’entreprise, comme l’implication des salariés par leur formation, en encourageant les initiatives internes, en renforçant la cohésion sociale et le savoir-faire interne et en réalisant des économies sur la consommation. Mais aussi La contribution des entreprises aux communautés humaines, en prenant en compte l’impact de leurs activités sur leur environnement immédiat et en développant des stratégies pour le préserver.
A Tunis, les 21 et 22 octobre offriront aux différents participants venant des pays africains un espace de débats à propos des principales problématiques freinant le développement de la RSE dans nos pays comme le manque de compétences, l’économie parallèle et l’absence de la culture RSE. De ces discussions sortira le «Manifeste de Tunis sur la RSE et la croissance verte inclusive en Afrique».