éra Garnier de Paris, le 3 octobre 2012 (Photo : Joel Saget) |
[03/10/2012 17:16:51] PARIS (AFP) Une traînée de drapeaux et un concert de revendications ont fendu la grisaille parisienne mercredi après-midi, entre les pétards et fumigènes d’un millier de salariés de Sanofi venus de toute la France pour exprimer leur opposition au projet de restructuration du groupe, et soutenus par de nombreux élus.
“On a fait un grand coup, on va virer le (Christopher) Viehbacher”, directeur général de Sanofi, souffle Non Savantha, 57 ans, salarié à Vitry, en regardant le cortège traverser la place du Carrousel, entouré de collègues arborant des “Innovons, licencions le patron” et autres “Viehbacher dégage”.
Les manifestants — plus d’un millier selon les syndicats — ont battu le pavé depuis le siège du groupe pharmaceutique, rue La Boétie (VIIIe), jusqu’à l’Assemblée nationale (VIIe) pour réclamer le retrait d’un projet qui menacerait au moins 900 postes d’ici à 2015.
Arrêt le temps d’un “haka de la recherche” devant la Pyramide du Louvre: la danse guerrière, dans la tradition des rugbymen des All Blacks, interprétée par les blouses blanches toulousaines depuis le début de l’été, interpelle les touristes qui immortalisent la scène, voire se font prendre en photo avec les manifestants.
“Enormément de gens sont prêts à mettre beaucoup d’énergie” pour se mobiliser, sourit Dominique Junyent (CFDT), un peu essouflée après la danse, entourée de banderoles “Sanofi, Sanofric”, “Sanofi tue la recherche”.
és de Sanofi manifestent à Paris le 3 octobre 2012 (Photo : Joel Saget) |
La militante CFDT est arrivée de Toulouse en bus le matin avec environ 300 collègues. Sur la route, ils ont révisé les chansons. “C’est pour ça qu’on n’a plus beaucoup de voix”, confie-t-elle.
Les Sanofi ont portant réussi à manifester bruyamment dans la capitale, à grands renforts de hauts-parleurs, tambourins et sifflets.
Les couleurs de la CGT, de FO, Sud, la CFDT ou encore CFE-CGT flottaient sur le cortège d’hommes et de femmes de tous âges, des jeunes chercheurs aux retraités comme André Giraud, 82 ans, membre du Cercle amical des retraités de Roussel Uclaf (intégré à Sanofi).
“J’espère que le mouvement va aller en grandissant, parce que c’est que le début”, averti Yohann Petit, délégué SUD du site Sanofi d’Elboeuf, d’où sont aussi venus une trentaine de ses collègues.
“Sanofi ferait bien de faire attention, parce que le mouvement gonfle”, abonde Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche. Dans le cortège, il soutient les salariés dans leur combat, affirmant que “Sanofi est le cas exemplaire de ce qui est indécent dans ce système”, évoquant les licenciements boursiers et le caractère “indécent” de la situation.
Les politiques étaient nombreux en marge du cortège. Des élus locaux toulousains étaient rue de la Boétie mercredi midi, alors que d’autres ont attendu l’arrivée du cortège à l’Assemblée nationale par solidarité avec les salariés.
A l’issue de la manifestation, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif est venu à la rencontre des manifestants dont certains l’ont interpellé avec colère.
“J’ai déclaré à plusieurs reprises que la position que nous accepterions serait celle qu’accepteraient les syndicats”, a-t-il répondu.