Le coup d’envoi de la 13e édition du Salon euro-méditerranéen de l’habillement “TEXMED 2012“ a été donné mercredi 3 octobre ; elle se déroule jusqu’au 5 courant au Palais des expositions du Kram. Le Premier ministre, Hamadi Jebali, n’a pas manqué le rendez-vous et était présent à l’inauguration officielle du salon. Une présence qui a l’avantage de renforcer la confiance des professionnels du secteur dans le potentiel que celui-ci représente pour la Tunisie, malgré la conjoncture.
A rappeler que Texmed 2012 rassemble 240 exposants, dont 180 entreprises tunisiennes et 60 entreprises étrangères. Les organisateurs de la manifestation, en l’occurrence le CEPEX, la FENATX et le CETTEX, prévoient d’accueillir 3.000 visiteurs dont 600 étrangers.
Un défilé de mode des jeunes créateurs et d’entreprises tunisiennes participantes a été l’événement d’ouverture de cette 13ème édition.
Un pari…
Cette édition constitue un pari, comme l’était la précédente (2011), dans un contexte économique et politique qui n’aide pas beaucoup à véhiculer une image assez saine de la Tunisie post-révolution. Mais la présence des entreprises tunisiennes marquent une volonté d’aller de l’avant. Le secteur en a besoin. Pour les huit premiers mois 2012, les exportations ont baissé de près de 10% par rapport à la même période en 2011.
Mais si la crise européenne combinée au contexte économique et politique a eu un impact sur les échanges du secteur, il n’en est pas moins pour les difficultés structurelles endémiques qui persistent dans le textile et habillement tunisien.
La présence d’un stand des jeunes créateurs donne une lueur d’espoir pour l’avenir de ce secteur stratégique pour l’économie tunisienne, comptant 2.000 entreprises et employant 200 mille personnes.
«Il va falloir réfléchir à réformer et actualiser la formation. C’est le seul capital qui nous reste dans le secteur», lance Hatem Ziadi, chef d’entreprise et président du jury de la 1ère édition du concours national des jeunes créateurs, organisé par le CETTEX, durant le Texmed 2012.
Formation inadéquate…
A noter que ce concours a démarré un mois avant le salon, avec la sélection de sept candidates. Une sélection qui s’est basée sur des dossiers de style, mais qui a montré une différence de niveau entre les diplômés des établissements de formation privés et publics.
«Les candidats des centres publics de formation professionnelle ont été tout simplement écartés parce qu’ils ne répondaient pas à un certain niveau de créativité», nous indique amèrement M. Ziadi. D’ailleurs, on remarque que les candidats retenus sont des issus des écoles privées de formation, des ISET et des beaux arts. «Si on continue à ce rythme-là, on risque d’être bouffé par le Maroc, dans les années qui viennent. Toutes les écoles doivent faire un effort supplémentaire sur la créativité», estime le président du jury.
L’expérience turque est source d’inspiration, de ce côté-là, puisque les Turcs ont focalisé sur la mise en valeur de leurs jeunes créateurs, depuis les années 80. Aujourd’hui, ils concurrencent même les Italiens. D’ailleurs, la présence turque au salon est assez imposante, sur un espace de 520 m².
Du potentiel…
Pour ce qui est du niveau de créativité, M. Ziadi souligne qu’«il y a beaucoup de potentiel mais aussi beaucoup de déchets», essentiellement à cause d’un manque d’encadrement et d’accompagnement.
C’est aujourd’hui, 4 octobre 2012, que les résultats du concours national des jeunes créateurs seront divulgués, au cours de la cérémonie «Texmed Awards». Trois prix seront décernés pour les trois meilleures candidates, d’une valeur respective de 7.500 dinars, 5.000 dinars et 2.500 dinars.
Pour Boujemâa Belhaifa, enseignant en beaux arts et membre du jury du concours, les produits finaux étaient honorables pour une première expérience. Il affirme qu’il s’agit de tabler pour la prochaine édition sur l’amélioration de l’organisation et aussi sur des critères de sélection un peu plus exigeants.
Espérons que ce concours constituera un premier pas pour la prise de conscience du potentiel de créativité des jeunes dans le textile et habillement. Cette prise de conscience est capitale pour aller de l’avant dans la réforme de la formation mais aussi pour encourager les entreprises tunisiennes à s’engager davantage dans ce processus inévitable pour effectuer le saut qualitatif et le passage de la sous-traitance à la co-traitance et le produit fini.