L’industrie du médicament “fragilisée” veut du soutien pour produire en France

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és et gélules (Photo : Philippe Huguen)

[04/10/2012 16:28:19] PARIS (AFP) Aucun des 47 médicaments enregistrés en 2011 par l’Agence européenne du médicament n’est fabriqué en France, s’est inquiétée jeudi l’industrie pharmaceutique, qui appelle les pouvoirs publics à “un pacte industriel” pour soutenir une industrie puissante, mais “fragilisée”.

La production de médicaments emploie 40.000 personnes directement en France, et le double en comptant les emplois indirects, selon une étude du cabinet Roland Berger, présentée jeudi par le Leem (Les entreprises du médicament).

La France dispose d’un tissu industriel de 224 sites de production pharmaceutique, répartis dans tout le pays avec 10 régions comptant au moins 10 de ces sites.

En outre, la pharmacie est l’un des quelques secteurs industriels dont la balance commerciale est excédentaire, de 5,4 milliards d’euros l’an dernier. La France produit par an quelque 7,5 à 8 milliards de boîtes de médicaments, dont 60% sont exportées.

Mais “derrière une façade plutôt rassurante (…) il y a un certain nombre de fissures”, a affirmé Christian Lajoux, le président du Leem à l’occasion d’un colloque.

L’industrie pharmaceutique a “des atouts”, mais “il est important de (les) consolider et de (les) renforcer pour en faire de véritables avantages compétitifs”, a résumé M. Lajoux, également président de Sanofi France.

Le Leem pointe une industrie “fragilisée”, avec notamment un contexte structurel de surcapacité et un positionnement trop axé sur des médicaments en phase de maturité, ayant des perpectives de croissance limitées qui font “peser un enjeu de maintien de la production actuelle”.

Les médicaments fabriqués sur le sol français ont en moyenne 18 ans d’âge.

Des milliers de postes menacés

Une autre étude présentée jeudi, du cabinet Arthur D. Little, envisage des pertes d’emploi à l’horizon 2020 allant de 11.000 postes –le quart des effectifs– dans le scénario noir d’un déclin régulier, à 5.000 postes dans un scénario “volontariste” où des mesures sont prises pour conforter la production.

Ces chiffres doivent provoquer “un choc de conscience”, a plaidé M. Lajoux, mais aucun commentaire n’a été directement fait jeudi sur la situation du premier groupe du secteur, Sanofi, qui envisage de supprimer 900 emplois en France, et dont des employés ont distribué un tract au début du colloque, dénonçant la destruction de l’emploi et de la recherche.

L’industrie française doit impérativement “maintenir les volumes” de production, ce qui passe par la fabrication de médicaments génériques qui prennent le relais des produits arrivés à maturité. Elle devra parallèlement se développer dans les biotechnologies, selon M. Lajoux.

Les industriels ont appelé les pouvoirs publics à construire “un pacte industriel”, par un dialogue renforcé au sein du Comité stratégique des industries de santé.

Le président de Lilly France, Marcel Lechanteur, a réclamé un “cadre cohérent, pérenne et stable” et le maintien des incitations comme le crédit impôt recherche.

Pour Jean-Paul Reynaud, de GSK, “il faut investir dans les technologies nouvelles”.

“Les emplois de la biotechnologie ne se substitueront pas aux emplois de la chimie”, a toutefois mis en garde Sébastien Aguettant, président du façonnier Delpharm, en dénonçant “la pression sur les prix” dans les appels d’offres.

“Il faut redonner confiance et aider les industriels sur une vraie mutation”, a convenu Catherine Lemorton, présidente PS de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.

Mais elle a rappelé “la contrainte budgétaire”, tandis que le Leem a critiqué la régulation “trop lourde” ne poussant pas les investisseurs à “choisir la France”.

Le médicament est mis à contribution à hauteur d’un milliard d’euros dans le budget 2013 de la Sécurité sociale.