[04/10/2012 18:51:55] LISBONNE (AFP) La politique d’austérité a permis au Portugal de gagner la confiance de ses bailleurs de fonds et des marchés financiers, a affirmé jeudi le Premier ministre portugais au Parlement, alors que la politique de rigueur est de plus en plus contestée.
“Si la politique du gouvernement n’était pas à la hauteur de ce difficile processus d’ajustement, nos créanciers n’auraient jamais permis une révision des objectifs pour le déficit sans un deuxième programme plus pénible et plus long”, a déclaré Pedro Passos Coelho, chef du gouvernement de centre-droit.
Confronté à une forte récession économique et à un chômage record, le Portugal a obtenu début septembre un assouplissement de ses objectifs de déficit dans le cadre du plan d’aide de 78 milliards d’euros accordé en mai 2011 par la troïka (UE-FMI-BCE) représentants les créanciers du pays.
Le Premier ministre s’est, en outre, félicité “du retour du Portugal sur les marchés obligataires” après avoir réalisé mercredi un échange d’obligations arrivant à maturité en septembre 2013 contre des titres à échéance 2015.
En dépit de l’assouplissement des objectifs de déficit, revus à 5% du PIB cette année et à 4,5% l’an prochain, le gouvernement est tenu de garder le cap de la rigueur et a dévoilé mercredi un nouveau train de mesures pour 2013 qui comprend une hausse généralisée de l’impôt sur le revenu.
érité à Lisbonne le 29 septembre 2012 (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
Pour protester contre ces nouvelles mesures de rigueur quelque deux cent personnes, selon les médias locaux, s’étaient rassemblées jeudi en fin d’après-midi devant la résidence officielle de M. Passos Coelho.
“Passos/Troïka dehors!”, pouvait-on lire sur une banderole déployée par les manifestants, à l’appel de la CGTP, principale confédération syndicale portugaise proche du Parti communiste, qui a appelé à une grève générale le 14 novembre.
“Cette manifestation est une réponse immédiate aux mesures annoncées la veille”, a déclaré Arménio Carlos, secrétaire général de la CGTP.
Joao Proença, le responsable de l’UGT, la deuxième confédération du pays, a exclu jeudi de participer à ce mouvement de protestation.
“Il pourra y avoir une autre grève générale. Mais attendons encore un peu”, a-t-il dit en conférence de presse.
La dernière grève générale au Portugal avait été organisée par la CGTP le 22 mars dernier. Deux précédentes grèves générales avaient été organisées en novembre 2010, puis en novembre 2011, conjointement par la CGTP et l’UGT.
Les deux centrales sont depuis divisées sur la réforme du code du travail, qui a fait l’objet d’un accord avec le patronat et l’UGT mais que la CGTP a refusé de cautionner.
Témoignant d’une grogne sociale grandissante, la politique de rigueur du gouvernement a provoqué en septembre des manifestations monstres de centaines de milliers de personnes à Lisbonne et dans plusieurs villes du pays, ainsi que plusieurs grèves sectorielles.
Le Parlement a rejeté jeudi deux motions de censure présentées séparément par le Parti communiste (PCP) et le Bloc de gauche (extrême-gauche), opposés depuis la première heure au plan d’aide international et partisans d’une “renégociation de la dette”.
Les deux textes ont été rejetés par la majorité absolue dont dispose la coalition gouvernementale, l’opposition socialiste s’étant abstenue.