Budget : “pigeons” et craintes sur la CSG troublent la stratégie de Bercy

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” (Photo : Joel Saget)

[06/10/2012 10:10:33] PARIS (AFP) La fronde des créateurs d’entreprises et les spéculations sur une future hausse massive de la CSG ont mis à mal cette semaine la communication du gouvernement, qui venait de présenter un budget censé préserver les PME et les classes populaires et moyennes.

C’est la révolte des “pigeons”, tels que se sont surnommés les créateurs d’entreprises ou de start-up indignés par les nouvelles mesures fiscales, qui a enrayé une mécanique jusque-là plutôt efficace.

En présentant le projet de budget 2013 le 28 septembre, Bercy obtenait en effet un satisfecit de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME). Son président, Jean-François Roubaud, se disait “content” d’avoir été entendu.

Seul le Medef de Laurence Parisot, jugé plus proche des grandes entreprises, critiquait les hausses d’impôts. Du petit lait pour le gouvernement qui affichait son intention de mettre à contribution les gros groupes en préservant les PME, “fers de lance de notre économie”.

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à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard)

La vraie contestation est venue d’ailleurs. D’abord des auto-entrepreneurs, qui ont protesté contre un alignement de leurs cotisations sur celles des autres entrepreneurs individuels.

Mais c’est la fronde des “geonpi”, “pigeons” en verlan, née sur les réseaux sociaux, qui est venue bousculer le gouvernement. Ils se sont élevés contre un effet collatéral de l’alignement de la fiscalité des revenus du capital sur celle du travail, axe central du budget.

En cause, la future taxation accrue des plus-values, qui risque à leur yeux de peser lourdement sur les personnes qui créent une entreprise et la revendent lorsqu’elle a pris de la valeur. CGPME et Medef sont venus en renfort.

Bercy a fini par reculer jeudi. Le budget sera amendé pour, entre autres, renoncer à l’alignement sur la fiscalité du travail, dans le cas précis d’un créateur d’entreprise.

Vendredi, certains entrepreneurs ne décoléraient toujours pas.

“Nous nous faisons tirer dessus alors que nous défendons les couleurs de la France, de l’ingénierie française partout dans le monde”, a crié le président du producteur d’énergie photovoltaïque Solairedirect Thierry Lepercq, lors d’un colloque à l’Assemblée nationale.

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é du Budget Jérôme Cahuzac, le 2 octobre 2012 à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

“Honneur à reconnaître une erreur”

“Il y a une perte de confiance de notre côté sur la capacité à nous soutenir”, lui a fait écho Jean-Noël de Galzain, vice-président du pôle de compétitivité Systematic Paris Region, jusque-là satisfait des mesures pour l’innovation.

“Je demande simplement à l’Etat de laisser nos investisseurs investir dans nos sociétés et de créer un état d’esprit favorable aux entrepreneurs”, a lancé Anne-Laure Constanza, patronne d’Envie de Fraises, marque de vêtements pour futures mamans sur internet, qui a relocalisé sa production en France.

Directement interpellé lors de ce colloque, le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac leur a promis de revenir “au statu quo ante, c’est-à-dire le prélèvement libératoire forfaitaire à 19%”, “dès lors qu’il s’agit de cession d’entreprise de la part d’un créateur”.

“Il y a plus d’honneur à reconnaître une erreur que de supposée fierté à persister”, a-t-il déclaré, récusant l’accusation de “racisme anti-entreprise” réitérée vendredi par Laurence Parisot. “On aurait une sorte de péché originel: parce qu’on est socialiste, qu’on est de gauche, on aimerait pas l’entreprise.” “C’est fini ça, c’est terminé, enfin!”, a-t-il martelé.

Les entreprises attendent aussi, avec impatience, la réforme en faveur de la compétitivité promise pour la fin de l’année.

Le patronat souhaite un “choc de compétitivité”: une baisse d’une quarantaine de milliards d’euros des cotisations employeurs et donc du coût du travail.

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ésidente du Medef, Laurence Parisot, le 18 septembre 2012 à Paris (Photo : Eric Piermont)

D’après ce qui a filtré cette semaine, une partie du gouvernement semble prête à mettre en oeuvre un tel “choc”… mais progressivement, sur trois à cinq ans.

Le problème réside dans son financement. Or, Le Monde a laissé entendre que l’Elysée pencherait pour une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG). Cela reviendrait à augmenter les impôts de tous les Français de 40 milliards sur les prochaines années, alors que le gouvernement clame son souci d’épargner les classes populaires et moyennes.

Là aussi, il a fallu corriger le tir.

“Rien n’est tranché”, d’autres impôts seront sollicités, il est “exclu” de relever la CSG de 40 milliards… ministres et conseillers se sont succédé pour tenter de dissiper les craintes. Mais le flou persiste.