Tunisie – TEXMED 2012 : Un Salon stratégique dans un contexte difficile

texmed2012_2.jpgLe Salon euro-méditerranéen de l’habillement “TEXMED 2012“ s’est achevé, le vendredi 5 octobre 2012. Réputée pour son élan international, la manifestation a constitué, cette année, un défi pour ses organisateurs et pour les professionnels du secteur. Dans un contexte de crise économique en Europe et de difficultés économiques et politiques en Tunisie, son organisation cette année a visé à maintenir l’image du secteur textile et habillement tunisien.

Les organisateurs n’ont pas été déçus, alors que des craintes sur à une baisse considérable des visiteurs pour cette 13ème édition étaient dans tous les esprits. L’affluence était respectable, malgré la conjoncture, nous indique un exposant. «Vu la crise au nord du Bassin méditerranéen, les budgets de prospection se sont réduits. Mais je pense que TEXMED a réussi quand même à maintenir son niveau, malgré tout», précise-t-il.

Du côté du Centre technique du textile (CETTEX), un des coorganisateurs du Salon, on sent une sorte de soulagement. Samir Haouet, directeur général du Centre estime que le défi a été relevé. De même pour Samir Ben Abdallah, président de la Chambre syndicale de lingerie, qui affirme que la manifestation n’a pas failli à ses promesses. Espérons que les affaires suivront…

Miroir…

Il faut le reconnaître, le contexte est difficile. La situation sécuritaire et politique en Tunisie en est la première responsable. «Après la révolution, on a constaté que des donneurs d’ordre, habitués de la Tunisie, se sont orientés vers d’autres pays. C’était en partie à cause du non respect des délais, suite aux grèves successives, mais aussi à cause des augmentations salariales qui ont suivi», estime l’industriel Abdelaziz Dahmani.

Et c’est dans cette perspective-là que TEXMED trouve toute son importance. Selon M. Dahmani, il faudra, par tous les moyens, bien garder et soigner le Salon parce qu’il représente un miroir pour le secteur à l’international et aussi sur le plan local. «Si le Salon n’aura pas lieu, une bonne partie de notre clientèle nous oubliera. Durant les quatre dernières années, le secteur s’est imposé à l’échelle internationale, attirant beaucoup de donneurs d’ordre et d’investisseurs. Son chiffre d’affaires s’élève actuellement à 5 milliards de dinars», indique-t-il.

A noter que le secteur compte 2.000 entreprises, dont 1.100 étrangères et emploie 200 mille personnes. «C’est le plus grand pourvoyeur d’emplois stables, sans compter les indirects; et celui qui fournit plus de devises. Il est aussi le secteur qui bénéficie le moins de concours bancaires. On ne l’encourage pas assez», regrette l’industriel Habib Miled.

Manque de visibilité…

texmed2012_3.jpgM. Miled affirme que les industriels du secteur manquent de visibilité face à l’avenir et quant à la politique gouvernementale. Les étrangers demandent la paix sociale et la sécurité. Deux données qui éveillent la crainte des donneurs d’ordre et centrales d’achat quant à la performance des entreprises tunisiennes actuellement.

Il nous indique qu’un groupe étranger installé en Tunisie depuis des années a décidé de transférer ses activités au Vietnam, plus stable et moins cher, selon ses responsables. «A partir du 14 septembre 2012 (attaque de l’ambassade américaine), une nouvelle page s’est ouverte dans notre relation avec nos partenaires», souligne M. Miled.

A l’appui de ses propos, il nous montre un document, datant du 19 septembre 2012, cinq jours après l’attaque, d’un client qui a décidé d’annuler son partenariat. Une des causes qu’il a citées, c’est «les risques géopolitiques de la Tunisie». «On a vécu plusieurs crises et difficultés mais nous n’avons jamais fait face à ce danger. C’est comme si nos partenaires étrangers avaient découvert une nouvelle image de la Tunisie qu’ils ne connaissaient pas auparavant», ajoute-t-il. Une image qui risque, hélas, de nuire considérablement à l’économie tunisienne dans son ensemble, si le gouvernement actuel ne réagit pas rapidement… dans le bon sens, on l’espère…