un drapeau britannique (Photo : Christof Stache) |
[07/10/2012 09:26:00] PARIS (AFP) Le bras de fer entre Paris, Berlin et Londres sur une fusion des groupes européen EADS et britannique BAE Systems est entré dans une phase critique à l’approche de la date butoir de mercredi.
La fusion créerait un champion européen de la défense et de l’aéronautique présent sur pratiquement tous les marchés de la planète, loin devant l’américain Boeing. Mais la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France doivent approuver l’opération en raison de ses implications stratégiques.
“Les discussions se poursuivent”, a assuré samedi un porte-parole du ministère allemand de l’Economie, après qu’une vidéo-conférence entre conseillers économiques des trois gouvernements eut tourné court vendredi.
De source proche d’EADS, on explique que l’Allemagne a obtenu l’accord de ses deux partenaires pour acquérir 9% du capital de la future entité et maintenir la parité avec la France, mais a ensuite mis fin aux pourparlers en exigeant pour elle le siège d’EADS.
“La demande allemande est déraisonnable parce que le choix du siège de la maison est une décision économique”, estime-t-on chez EADS.
La fusion se fera par contrats entre les deux sociétés, qui garderont chacune leur siège, a expliqué un expert proche des négociations.
BAE est basé en Grande-Bretagne. Tom Enders, le patron d’EADS, vient d’établir son quartier général à Toulouse (sud-ouest de la France), siège d’Airbus, alors que la direction était jusque là éclatée entre Paris et Munich. Berlin voudrait apparemment le faire revenir sur sa décision.
“Dans le nouvel ensemble, l’équilibre entre la France et l’Allemagne devra rester garanti. Les sièges sociaux du groupe devront eux aussi être équitablement répartis entre les deux pays”, insistait il y a une semaine le ministre allemand de l’Economie Philippe Rösler.
Pour le président français François Hollande, c’est “aux entreprises de continuer leurs pourparlers ou leurs négociations en connaissant la position de la France à la fois en termes de présence au capital, de localisation des sièges et de protection de notre industrie de défense”.
Une source proche des discussions a attribué le blocage au refus de Paris de s’engager par écrit à ne pas chercher à acquérir plus des 9% du capital de la nouvellle entité que lui donnera sa participation actuelle de 15% dans EADS.
La France, qui n’en aurait pas les moyens vu l’état de ses finances, repète qu’elle n’en pas l’intention mais refuse une garantie écrite.
La Grande-Bretagne elle se contentera de “l’action spéciale” proposée aux trois gouvernements pour empêcher quiconque de monter à plus de 15% du capital. Elle se fait fort de convaincre les Etats-Unis d’approuver l’opération si ses partenaires ne possèdent pas plus de 9% du capital chacun, dit-on de source proche d’EADS.
BAE Systems réalisant près de la moitié de son chiffre d’affaires par sa filiale américaine, la fusion devra être approuvée par le Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis. Or Washington se méfie des entreprises publiques.
La maison mère de l’avionneur Airbus et le fabricant d’armes britannique ont jusqu’au 10 octobre pour informer le régulateur des marchés à Londres de la réussite de leur projet, demander un nouveau délai, ou reconnaître leur échec.