En désespoir de cause, et constatant le «manque de transparence concernant l’intéressement 2011», le personnel de la firme d’origine suisse a décidé l’arrêt du travail pendant les journées de 8 et 9 octobre 2012.
Dans une lettre adressée, il y a deux mois, au directeur général Nestlé pour la région Maghreb, les représentants du personnel ont attiré l’attention sur l’incapacité des représentants de la direction générale à faire avancer les négociations dans l’intérêt des uns et des autres et surtout dans l’objectif de préserver le climat social de l’entreprise.
Les représentants de la DG demandent toujours un délai pour revenir au directeur général et recevoir ses instructions. «Cette tactique est utilisée dans le but d’étaler les négociations dans le temps et d’éviter toute prise de décision. Nous refusons par conséquent toutes discussion avec les personnes désignées par la DG sans aucun pouvoir décisionnel car l’expérience prouve qu’il est vain de s’engager avec eux dans des sujets se rapportant à des problématiques importantes pour le personnel Nestlé Tunisie».
Pour l’histoire, le syndicat a soumis depuis l’été dernier les revendications suivantes à la direction générale:
– intégrer, comme entendu avec M. Vincent Guex, ex-DRH de Nestlé pour la région Maghreb, l’intéressement définitivement dans le salaire de base en deux étapes à hauteur de 16% en 2012 et 16% en 2013. A défaut, le syndicat appelle à plus de transparence dans le calcul de l’intéressement et sa distribution par la mise en place d’un cahier de charges qui implique les représentants du personnel;
– aligner les salaires sur la pratique du marché tunisien. Une étude faite il y a cinq ans montre le décalage important entre les rémunérations des salariés Nestlé et celles pratiquées sur le marché local, ce qui a engendré le départ des compétences Nestlé vers la concurrence. 4 cadres supérieurs ont ainsi quitté la firme en une année et deux autres seraient déjà en discussion pour de prochains départs;
– aligner les salaires des intérimaires à la fabrique de Carthage dont une partie est payée suivant le SMIG et une autre selon la convention collective. La pratique en question n’est pas conforme avec la législation locale, toutes les rémunérations devant être honorées selon la convention collective.
Pour Kamel Talbi du Syndicat de base de Nestlé, la direction générale a toujours suivi une attitude méprisante face aux revendications de ses différents personnels: «Nous estimons qu’autant que le syndicat, la direction générale doit être prédisposée au dialogue et à la résolution de tout au sein de notre entreprise que nous voulons tous performante et productive. Le directeur général observe une telle indifférence quant à nos préoccupations qu’il n’a pas assisté vendredi 5 octobre à la réunion organisée au gouvernorat pour solutionner les problèmes de la firme. C’est inadmissible, lorsque nous savons la dimension responsabilité sociale de Nestlé international et son souci d’assurer la paix et la stabilité sociale au sein de toutes ses représentations de par le monde ».
A ce jour, aucune de ces sollicitations n’a reçu de réponse de la part de la direction générale, une ignorance presque empreinte de mépris, estiment les représentants syndicaux, ce qui fait dire à Kamel Talbi qu’il serait fort probable qu’une grève de trois jours soit observée au mois de novembre, en cas de non satisfaction de nos revendications mais pas seulement: «En désespoir de cause, nous saisirons Nestlé International».