FMI : la France n’atteindra pas ses objectifs de déficit public 2012 et 2013

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énérale du FMI, Christine Lagarde, le 24 septembre 2012 à Washington (Photo : Paul J. Richards)

[09/10/2012 07:14:53] PARIS (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la France en 2012 et en 2013 et estime en conséquence que Paris ne respectera ni cette année, ni l’an prochain ses engagements chiffrés de réduction du déficit public.

Le produit intérieur brut (PIB) de la France devrait progresser cette année de 0,1%, contre 0,3% escompté en juillet, et de 0,4% l’année prochaine, deux fois moins que prévu cet été, selon les Perspectives économiques du FMI publiées lundi.

Le gouvernement français prévoit actuellement 0,3% de croissance cette année et 0,8% l’an prochain. Il a fondé sur ces hypothèses de croissance un collectif budgétaire pour 2012 voté cet été ainsi que son projet de budget 2013 présenté fin septembre, visant à réduire le déficit public à 4,5% du PIB à la fin de cette année puis à 3%, le plafond autorisé par les traités européens, un an plus tard.

Dans son “Moniteur des finances publiques” diffusé mardi, le FMI prévoit pour sa part que le déficit de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale sera plutôt de 4,7% du PIB fin 2012 et de 3,5% fin 2013.

“Si la croissance devait tomber sensiblement sous les prévisions actuelles” du FMI, “les pays qui ont une marge de manoeuvre devraient assouplir leurs ajustements sur 2013 et au-delà”, estime de plus le Fonds, en citant la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

Quant à la dette publique, elle devrait atteindre à la fin de cette année 90% du PIB, selon le FMI, un chiffre proche de la prévision de l’exécutif français (89,9%) et 92,1% fin 2013, contre 91,3% prévus par le gouvernement.

“Les projets de consolidation budgétaire dans la zone euro doivent être mis en oeuvre. D’une manière générale, l’attention devrait se porter sur des objectifs budgétaires structurels plutôt que des objectifs nominaux, susceptibles eux d’être affectés par la situation économique”, recommande le FMI.

Dans son projet de budget, la France renonce à son objectif de retour à l’équilibre des comptes publics en 2017, se contentant d’un déficit de 0,3% mais visant en revanche un déficit zéro dès 2016 en termes “structurels”, hors aléas de la conjoncture, conformément au nouveau traité européen en cours de ratification.

Des figures de la majorité ont exprimé des doutes récemment sur la possibilité d’atteindre l’objectif de 3% fin 2013, comme s’y est engagée la France auprès de ses partenaires européens.

Le ministre français du Budget Jérôme Cahuzac a jugé dimanche “souhaitable” qu’un débat ait lieu au niveau européen sur cet objectif, tout en assurant que Paris, pour sa part, respecterait ses engagements. “La France ne demande rien, la France a pris un engagement, a engagé sa parole” et “personne ne doit douter de la détermination des autorités françaises à ce qu’il en soit ainsi”, a-t-il affirmé.

Dans ses “Perspectives”, le Fonds prévient que “la possibilité que la crise de la zone euro s’aggrave reste un risque majeur pour la croissance et la stabilité du secteur financier tant que les questions de fond ne sont pas résolues”.

Le FMI prévoit un taux de chômage de 10,1% en 2012 en France et 10,5% l’année suivante après 9,6% en 2011. L’inflation annuelle moyenne, de 2,1% en 2011, devrait être de 1,9% cette année et decroître nettement à 1,0% en 2013.

Il recommande à la France de mener des politiques conduisant à une meilleure compétitivité. “Parmi les grandes économies de la zone euro, des politiques qui conduiraient à une demande intérieure plus élevée en Allemagne et à une compétitivité plus forte en France, en Italie et en Espagne seraient bénéfiques”, déclare-t-il.

L’ancien président d’EADS, Louis Gallois, a été chargé par le gouvernement d’une mission sur la compétitivité et doit remettre un rapport très attendu le 5 novembre. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a promis de préparer, d’ici la fin de l’année en se fondant sur les conclusions de M. Gallois, des mesures susceptibles de provoquer un “choc de compétitivité”.