élèves du lycée de Koeberlé à Sélestat dans le Bas-Rhin, le 10 octobre 2012 (Photo : Frederick Florin) |
[12/10/2012 13:22:56] SELESTAT (France / Bas-Rhin) (AFP) Concentrés sur leurs écrans, des élèves de seconde du lycée Koeberlé, à Sélestat (Bas-Rhin), promènent leurs avatars en 3D dans une ville imaginaire. Leur professeur de sciences physiques mise sur ce monde virtuel pour les intéresser aux sciences “dans la vraie vie”.
“On se croirait dans les Sims”, sourit Yann, 15 ans, en référence au célèbre jeu vidéo. “Mais là, on travaille”, tempère-t-il. Reyhan, sa voisine, pense que sa mère “va être surprise” quand elle va lui dire qu’elle a “joué à un jeu vidéo au lycée”.
Leur professeur, Pierre Wild, déambule dans la classe et supervise leur exploration de ce monde virtuel qu’il a lui-même bâti. “Aujourd’hui, vous recherchez des indices pour trouver un meurtrier. N’hésitez pas à interroger les personnages que vous croiserez, entrez dans les maisons”, leur explique-t-il.
“J’ai utilisé un logiciel libre de droits pour créer cet univers, avec l’aide d’informaticiens”, explique ce féru de nouvelles technologies, qui a imaginé un scénario inspiré de séries policières américaines en vogue, pour sa seconde 6, une classe à thème “réalités virtuelles”.
Le but “n’est pas de faire un jeu, mais de les accrocher avec cet outil, de capter leur intérêt dans la vraie vie”, souligne M. Wild, expliquant que les résultats de l’enquête virtuelle sont ensuite exploités avec d’autres professeurs.
“En maths par exemple, ils vont pouvoir décrypter grâce aux statistiques des messages codés retrouvés dans le monde virtuel ou encore analyser avec des équations des projections de sang repérées sur des murs”, ajoute-t-il.
Un grand réseau social inter-établissements
Dans une salle de classe voisine de ce lycée de quelque 1.200 élèves, un autre groupe décortique des indices glanés une semaine plus tôt.
Penché sur son microscope, Nicolas observe des prélèvements bien réels. “Je compare des grains de pollen retrouvés sous la semelle d’un suspect avec ceux du jardin de la victime”, explique-t-il. “Ils ne correspondent pas”, conclut-il.
Quelques tables plus loin, deux élèves comparent de vrais échantillons d’ADN, qu’ils ont extraits en utilisant des grains de sel et du liquide vaisselle, sous le regard attentif de Virginie Meunier, leur professeure de Sciences de la Vie et de la Terre.
“Au lycée, on est souvent dans l’abstrait: le monde virtuel leur permet de visualiser les choses plus clairement, plus concrètement. Cela nous facilite ensuite l’enseignement plus classique”, explique-t-elle.
élèves du lycée de Koeberlé à Sélestat dans le Bas-Rhin, le 10 octobre 2012 (Photo : Frederick Florin) |
Son collègue Pierre Wild a créé une dizaine de mondes virtuels, dans lesquels les élèves peuvent notamment utiliser des accélérateurs de particules, ou encore s’adonner à l’astronomie.
“J’ai reconstitué par exemple un Pic du Midi virtuel, où j’ai installé un télescope qu’ils peuvent utiliser avec leur avatar”, indique-t-il, de sorte qu'”ils observent le ciel tel qu’ils le verraient avec un vrai télescope, grâce à des données que j’ai récupérées dans un centre astronomique”.
Alors que le gouvernement veut donner une dimension numérique à sa refondation de l’école, Pierre Wild estime que les possibilités pédagogiques de l’outil virtuel sont innombrables.
“Si on veut limiter les coûts, il faut qu’on puisse entrer dans une démarche collaborative: mon ambition, ce serait de pouvoir créer un grand réseau social inter-établissements en 3D”, confie le professeur.