FMI : les émergents devront encore patienter avant de renforcer leur poids

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à Tokyo le 13 octobre 2012 (Photo : Kazuhiro Nogi)

[13/10/2012 15:41:28] TOKYO (AFP) La Chine, l’Inde ou le Brésil devront encore patienter avant d’être mieux représentés au FMI: la réforme renforçant la place des pays émergents au sein de l’institution n’entrera pas en vigueur comme prévu au sommet du FMI à Tokyo, en raison du blocage de fait des Etats-Unis.

En 2010, les pays du G20 s’étaient mis d’accord pour rebattre légèrement les cartes au sein du conseil d’administration du Fonds, actuellement dominé par les Européens, en donnant plus de droits de vote aux puissances émergentes.

Cette réforme, qui fera notamment de la Chine le troisième pays le plus puissant du Fonds, devait entrer en vigueur lors de l’assemblée annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, qui s’achève dimanche dans la capitale japonaise.

Mais il n’en sera rien.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a dû le reconnaître vendredi: “Nous voyons la ligne d’arrivée, elle est proche et j’exhorte à nouveau les Etats membres à la franchir”, a-t-elle déclaré.

La patronne du Fonds s’est bien gardée de mettre un pays à l’index et surtout pas son principal actionnaire, les Etats-Unis, qui bloque pourtant l’ensemble du processus après l’avoir encouragé.

Le texte, qui doit être approuvé par 113 pays représentant 85% des droits de vote, ne peut tout simplement pas entrer en vigueur sans l’apport des Etats-Unis, qui totalise 16,7% des voix, et la ratification de son Congrès.

L’enjeu est d’autant plus crucial que cette réforme va de pair avec le triplement des ressources permanentes (quotes-parts) du Fonds, à 767 milliards de dollars.

Nouveau front

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étaire américain au Trésor, Timothy Geithner, à Tokyo le 12 octobre 2012 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Présent à Tokyo, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a appelé samedi le FMI à “donner plus de voix” aux émergents sans toutefois donner d’indication sur les intentions de son pays, actuellement en pleine campagne présidentielle.

Réunissant les principales puissances émergentes, le G24 a déploré ce blocage qui met la “réputation” du FMI en jeu et affecte “la crédibilité” de ses décisions. Ce groupement informel réclame, par ailleurs, que l’Afrique dispose d’un troisième siège, sur 24, au conseil d’administration du Fonds.

Le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, s’est montré plus cinglant: “la résistance à la réforme sape les efforts pour faire du FMI une organisation véritablement multilatérale et représentative”, a-t-il déclaré, ajoutant que “cet échec” envoyait un “signe négatif” au reste du monde.

Cette préoccupation n’est toutefois pas l’apanage des pays émergents.

“Ce retard entame notre crédibilité et la légitimité des activités du FMI”, a déclaré le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, dans un discours à Tokyo.

“Nous devons garder à l’esprit que la réforme de 2010 est une décision majeure qui permettra à la gouvernance du Fonds d’être totalement en phase avec l’économie mondiale d’aujourd’hui”, a-t-il ajouté.

Un nouveau front pourrait permettre aux émergents de faire avancer leur cause. Depuis plusieurs mois, les 188 Etats membres du FMI sont engagés dans de laborieuses tractations sur le mode de calcul des quotes-parts qui sont attribués aux Etats membres et déterminent notamment leurs droits de vote. Un premier bilan est attendu en janvier.

“La gouvernance du FMI est totalement dépassée”, résume pour l’AFP Elizabeth Stuart, de l’organisation non-gouvernementale Oxfam.

“Les pays émergents et les pays des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) commencent à se dire : +pourquoi devrions-nous soutenir, financer et travailler avec un FMI où nous n’avons pas notre mot à dire?+”, ajoute-t-elle.