Depuis
la fameuse vidéo de
Rached Ghannouchi avec ses «enfants salafistes», tout homme
politique qui se respecte doit avoir une peur bleue des réseaux sociaux. Quelle
galère! On discute tranquille en famille, on se permet de divaguer un peu, on
chahute celui qui enregistre l’événement pour la postérité, mais on est toujours
dans le registre de l’intime. Puis, deux jours, deux mois, deux ans après, vlan!
Tout est balancé sur Youtube et tout de suite sur Facebook et Twitter. Le
scandale total arrive comme un ouragan!
Enfin, tout est à relativiser! La surprise de la vidéo de
Ghannouchi n’en est
que partielle! Pour tous ceux qui connaissent un peu l’histoire tonitruante des
Frères Musulmans, du Mouvement de la Tendance Islamique, l’ancêtre d’Ennahdha,
savent que le problème du choix entre la violence «révolutionnaire» du mouvement
à ces débuts et les exigences de la participation démocratique n’a jamais été
résolu de façon nette, que ce soit en Egypte ou en Tunisie ou ailleurs!
Les Frères Musulmans et nos Nahdhaouis le sont d’après toute leur littérature
fondatrice et leur engouement pour Saied Qotb et El Maoudoudi; ils ne croient
pas à la thèse d’Etat Civil sauf en tant qu’étape sur le chemin de «dawlet el
islam»! Tôt ou tard! Alors, que le Cheikh essaie de raisonner ses ouailles
radicalisées pour leur dire qu’il faut patienter et «digérer» les fruits de
l’étape actuelle en attendant de mieux contrôler les restes de l’appareil de
l’Etat, c’est de bonne guerre! Mais, ceci le met aussi dans une position très
délicate vis-à-vis de la scène politique nationale et sur les médias où les
«Laïcs» contrôlent encore tout, d’après lui. Et c’est ce qui s’est passé!
Evidemment ce ne sont pas les négations gênées du Mouvement Ennahdha, ni les
explications alambiquées des
Ghannouchi qui changeront quelque chose dans la
tête de ceux qui sont convaincus d’un côté ou de l’autre de l’échiquier.
Cependant, la question, pour un million de dollars, ici, concerne d’abord
l’identité de celui qui a réédité l’interview, et concerne en second lieu le
temps choisis pur le faire!
Dans ce genre d’affaire, les flics talentueux posent la question du
bénéficiaire. Qui est le bénéficiaire de ce scandale? Les salafistes sont
désignés par tous parce qu’on soupçonne qu’ils sont les seuls à avoir l’original
de l’interview. Ils ont une dent contre Ennahdha après l’affaire de l’ambassade
US et veulent mettre
Ghannouchi dans l’embarras juste avant le rendez-vous du 16
octobre, afin de dynamiter le consensus naissant!
C’est une hypothèse qui tient mais qui n’est pas la seule et qui fait fi du fait
que les salafistes eux-mêmes sont légion et que beaucoup d’entre eux sont
noyautés par le parti de
Ghannouchi. Ou par d’autres parties.
Là, les scénarii sont faciles à générer, du genre CIA, Mossad, Renseignement
Militaire Algérien et j’en passe… sans oublier le Qatar et l’Arabie saoudite pas
contents de
Rached Ghannouchi…
Allez savoir!