[14/10/2012 09:07:02] WASHINGTON (AFP)
Si la présidentielle américaine se jouait sur les réseaux sociaux, Barack Obama l’emporterait haut la main sur Mitt Romney. Mais l’exercice, salué par beaucoup comme une des clés du scrutin et un bienfait pour la démocratie, peut aussi s’avérer périlleux. Avec plus de 20 millions d’abonnés sur Twitter et plus de 30 millions de mentions “J’aime” sur Facebook, le président démocrate, qui avait déjà fait d’internet et des réseaux un des axes forts de sa campagne en 2008, surpasse largement son rival républicain, qui compte 1,3 million de “suiveurs” sur Twitter et 8,8 millions de “J’aime” sur Facebook.
Rien n’empêche des étrangers –qui ne voteront pas le 6 novembre– de prendre part à cette campagne sur les réseaux sociaux, et rien ne dit que toutes ces marques d’intérêt virtuelles se traduiront en voix, mais des experts saluent le renouveau du dialogue démocratique sur les réseaux sociaux.
“Serrer des mains et tous les événements de campagne classiques n’ont pas disparu. C’est toujours nécessaire pour l’emporter, mais si vous n’avez aucune stratégie sur internet, vous ne pouvez pas gagner non plus”, résume Alan Rosenblatt, du Center for American Progress Action Fund, un centre de réflexion.
Le premier face-à-face télévisé entre les deux candidats, le 3 octobre, a généré plus de 10 millions de messages sur Twitter, qui a salué “l’événement de politique américaine le plus +tweeté+”.
Selon Jeanette Castillo, professeur à l’université de Florida State, ce nouveau paysage médiatique n’empêche pas les électeurs de se confronter aux points de vue de leurs adversaires: sur les réseaux sociaux et plus généralement sur internet, “ils vont chercher le point de vue qui diffère du leur, même si c’est uniquement pour le réfuter”.
“Apprendre à gérer le chaos” de Twitter
Twitter aide à renforcer le processus démocratique, juge-t-elle: “Que vous soyez Barack Obama ou un sans domicile fixe à la bibliothèque, vous avez 140 caractères (pour écrire votre message) et tout cela est un concours de concision”. “On ne sait pas à quel point cela pèse sur le scrutin, mais en tout cas, cela se déroule très certainement en dehors de tout contrôle des hommes politiques”, poursuit-elle.
Aussi utiles que puissent être Twitter, Facebook, et plus largement internet, pour promouvoir sa candidature, lever des fonds ou critiquer son adversaire, l’exercice peut aussi s’avérer à double tranchant.
Une équipe de campagne, pour être victorieuse, “doit apprendre à gérer le chaos” de Twitter et des millions de messages qui sont échangés sur le site chaque jour, pointe Alan Rosenblatt.
Un “hashtag”, qui permet avec le sigle # de créer un sujet de discussion sur Twitter, peut ainsi être facilement détourné de son but premier, rappelle-t-il: “N’importe qui peut créer un +hashtag+. Mais on ne peut pas en restreindre l’usage et tout le monde peut le reprendre à son compte”.
La mésaventure est notamment arrivée à deux reprises au camp Romney depuis le début de la campagne.
En septembre, rebondissant sur une déclaration du républicain –qui avait lui-même repris une célèbre réplique de Ronald Reagan–, l’équipe du candidat avait lancé le hashtag #VivezVousMieuxAujourdhui (#AreYouBetterOff). Censé permettre aux partisans de Mitt Romney de souligner la persistance de difficultés économiques depuis l’arrivée au pouvoir d’Obama en 2009, l’initiative a fait long feu, les reprises du “hashtag” par les partisans du président dépassant largement celles des soutiens de Romney.