Portugal : hausse d’impôts généralisée au menu du budget 2103

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érence de presse, le 3 octobre 2012 à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[15/10/2012 08:49:20] LISBONNE (AFP) Le gouvernement portugais dévoile lundi son budget pour 2013, marqué par une hausse d’impôts généralisée, au moment où le mécontentement social connaît une poussée sans précédent depuis que le Portugal est sous assistance financière.

A l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire le budget sera remis au parlement que les “Indignés” portugais ont appelé à “assiéger” à partir de 17h00 GMT pour marquer leur refus d’un nouveau renforcement de la rigueur.

Le budget, qui doit être voté en première lecture le 31 octobre, sera présenté à la presse par le ministre des Finances Vitor Gaspar qui en a déjà révélé les grandes lignes tandis qu’une “version préliminaire” a largement été débattue dans les médias.

La hausse d’impôts, que M. Gaspar a lui même jugée “énorme”, s’effectuera notamment par le biais d’une réduction de 8 à 5 du nombres des tranches d’imposition, l’introduction d’une surtaxe de 4%, une baisse des retraites et une réduction des allocations chômage et maladie.

La réduction du nombre des tranches d’imposition aura notamment pour effet d’augmenter de 11,5% à 14% le taux d’imposition des revenus les plus faibles. Les revenus moyens, entre 20.000 et 40.000 euros annuels, seront imposés à 37% au lieu de 35,5% auparavant. Le taux passera de 46,5% à 48% pour les revenus les plus élevés, au dessus de 80.000 euros, alors que la tranche supérieure concernait précédemment des revenus supérieurs à 153.300 euros.

Cette hausse d’impôts risque d’aggraver la récession alors que, selon des prévisions officielles, l’économie doit reculer cette année de 3% tandis que le taux de chômage devrait avoisiner les 16%.

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ère, le 5 octobre 2012 à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira)

Selon la presse, le gouvernement pourrait toutefois procéder à d’ultimes modifications et alléger la charge fiscale au profit d’une réduction des dépenses, alors que la version préliminaire du budget a déjà déclenché un flot de commentaires acerbes.

C’est “une bombe atomique fiscale”, a déclaré Antonio José Seguro, le leader du Parti socialiste, la principale formation d’opposition, un “massacre”, a renchéri le Parti communiste, “un attentat à la dignité du peuple”, s’est exclamé le principal syndicat, la CGTP, “une insulte aux Portugais”, a commenté le quotidien Diario Economico.

La grogne sociale a déjà conduit le gouvernement à renoncer à un projet d’augmenter l’année prochaine les cotisations sociales des salariés pour financer une baisse des charges patronales. Le renforcement draconien de l’austérité, prévu dans le budget 2013 est la solution trouvée pour satisfaire les créanciers du Portugal qui bénéficie depuis mai 2011 d’un plan de sauvetage de 78 milliards d’euros.

La “troïka” (UE-FMI-BCE) des bailleurs de fonds a en effet accepté, en échange d’un effort supplémentaire, d’alléger les objectifs du gouvernement de réduction du déficit public, revu à 5% du PIB pour cette année et à 4,5% l’année prochaine.

Mais même le président portugais, Anibal Cavaco Silva, pourtant du même parti social-démocrate que le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, a fait part de son inquiétude.

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érité, le 5 octobre 2012 à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira)

“Dans les circonstances actuelles il n’est pas correct d’exiger d’un pays soumis à un processus d’ajustement budgétaire qu’il respecte coûte que coûte un objectif de déficit public”, a-t-il écrit sur sa page Facebook.

La situation est d’autant plus délicate que les Portugais, qui jusqu’à présent semblaient résignés à l’austérité, ont nettement changé d’attitude.

Depuis un mois, manifestations et grèves se sont multipliées et samedi dernier ils étaient encore plusieurs dizaines de milliers à protester contre l’austérité à Lisbonne et dans diverses villes du pays.