à Toulouse (Photo : Lionel Bonaventure) |
[16/10/2012 18:13:56] PARIS (AFP) La tension monte chez Fram: le voyagiste toulousain qui négocie le premier plan social de son histoire aurait des difficultés de trésorerie et la querelle entre actionnaires familiaux a repris publiquement après le départ précipité du patron qui devait sauver le groupe.
“Cela part dans tous les sens”, commentait mardi une source proche de Fram.
L’un des actionnaires familiaux principaux, Marie-Christine Chaubet, a appelé à une recapitalisation rapide par “un tour de table” des actionnaires, son conseil estimant qu’il faut injecter 30 millions d’euros pour assurer l’avenir de Fram, dont 15 millions d’urgence pour son sauvetage.
“On a consommé 70 millions de +cash+ en quatre ans dans cette entreprise. Il faut changer de stratégie et recapitaliser. Les quatre audits réalisés en quatre ans chez Fram, par des auditeurs différents, arrivent tous aux mêmes conclusions” sur la situation du groupe, a déclaré mardi à l’AFP Patrick Grillat, conseil de Mme Chaubet.
Mais le demi-frère de Mme Chaubet, Georges Colson, qui détient comme elle environ 40% du capital de Fram, est opposé à cette solution, selon Mme Chaubet.
M. Colson, par ailleurs président du Syndicat national des agents de voyage (Snav), n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. Il prévoit de “communiquer la semaine prochaine”.
Fram, entreprise familiale née en 1949 et autrefois florissante, connue pour son mode de gestion paternaliste, vit un automne bien difficile.
Les négociations sont toujours en cours concernant un plan social de 67 suppressions (sur 600 en France et 3.800 dans le monde), annoncé cet été. Le Comité d’entreprise devrait se réunir à nouveau jeudi.
“Malaise chez les salariés”
Mais la perspective d’un redressement des comptes dès 2013 comme espéré jusque-là apparaît aujourd’hui bien optimiste, alors que Fram a annoncé il y a une semaine le départ immédiat de son patron Olivier de Nicola, ex-président de Thomas Cook France, recruté dix mois plus tôt.
Aucune explication officielle à cette décision. De sources proches du dossier, on souligne toutefois les divergences de vues “stratégiques” et de méthodes qui opposaient M. de Nicola et M. Colson, jusqu’alors président du conseil de surveillance.
“Olivier de Nicola avait dit que si on ne lui laissait pas la marge de manoeuvre nécessaire, il partirait”, indique une source. Quant à la négociation sociale, elle se passait “correctement, mais avec des tensions quand même”, car pour M. de Nicola, supprimer 67 postes était “le minimum incompressible”, souligne un connaisseur du dossier.
A 75 ans, Georges Colson a ainsi repris depuis huit jours les commandes de Fram, qu’il avait dirigé de 1991 à 2005. Et il fait déjà face à une fronde de sa demi-soeur. “En ce moment, c’est Dallas et la guerre des nerfs d’un côté, et le malaise chez les salariés”, commente une source proche de Fram.
La dispute sur la stratégie et la gouvernance de Fram dure depuis des années avec Marie-Christine Chaubet, qui elle aussi, un temps, avait dirigé Fram.
Mais elle a pris un tour nouveau, Mme Chaubet et sa fille s’étant publiquement indignées de “la révocation” de M. de Nicola, qu’elles soutenaient. Mme Chaubet refuse dans ces conditions d’entrer au conseil de surveillance, ce que souhaitait le nouveau président du conseil, Alain Faveau.
Outre les 40% qu’elle détient avec sa fille Marie-Odile, et les 40% de M. Colson, d’autres actionnaires familiaux possèdent 8% de Fram, Air France 9% et des minoritaires se partagent les 3% restants.
Quid des affaires du groupe ? Le voyagiste terminera 2012 à nouveau dans la douleur, avait prévenu M. de Nicola dès septembre, après deux exercices dans le rouge: 10 millions d’euros de pertes nettes en 2010, puis 23 millions en 2011 pour un chiffre d’affaires consolidé de 441,78 millions d’euros.
“La reprise des destinations du marché méditerranéen n’a pas eu lieu”, avait reconnu M. de Nicola. Or le coeur de métier de Fram reste les ventes au Maghreb.