à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[17/10/2012 05:38:18] PARIS (AFP) Le gouvernement dévoilera mercredi en Conseil des ministres l’architecture de la future Banque publique d’investissement (BPI), qui disposera d’une “force de frappe” de 35 à 40 milliards d’euros pour financer les petites et moyennes entreprises prometteuses.
Ce nouveau bras armé de la politique économique française regroupera les activités d’Oséo, l’actuelle banque publique de financement des PME et de l’innovation, du Fonds stratégique d’investissement (FSI) qui prend des participations dans des entreprises françaises stratégiques et de CDC Entreprises, filiale de la Caisse des dépôts.
Sa “capacité d’engagement ou force de frappe” sera d’un “ordre de grandeur de 35 à 40 milliards”, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale. Ce “volume d’engagements” pourra “être pris sous forme soit de prêts, soit de prises de participations, soit de garanties”, explique-t-elle.
La taille du bilan du nouvel ensemble sera encore supérieure, proche de 45 milliards.
La force de frappe inclut des sommes déjà investies ou prêtées qui, au fil des ans, doivent être remises en circulation. Dans le cas des apports d’Oséo par exemple, les fonds propres sont réduits mais permettent des engagements beaucoup plus élevés, via un “effet de levier”.
En septembre, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait annoncé une capacité d’intervention “de plus de 30 milliards d’euros”. Mais, depuis, il a été décidé d’intégrer la totalité du FSI et non plus seulement sa partie dédiée aux PME.
La BPI sera détenue à parts égales par l’Etat et la Caisse des dépôts. Elle devrait à terme intégrer Ubifrance qui accompagne les entreprises à l’exportation.
Quelle valeur ajoutée aura ce groupe constitué de maisons existantes ? “Avec les institutions qui existent, le système fonctionne relativement mal”, répond la source gouvernementale, qui déplore notamment un manque de coordination.
Intégrer la totalité du FSI, c’est-à-dire avec ses activités en direction des grandes entreprises, non seulement ne détournera pas la banque de sa mission envers les PME mais créera “un effet filière”, argue cette source.
“Le FSI, du fait de ses prises de participation dans des grands groupes, aura une meilleure vue d’ensemble sur la filière” et permettra “d’identifier les entreprises pertinentes du secteur, les développements à privilégier”, plaide-t-elle.
De plus, “un des éléments de la stratégie de la BPI sera de développer des fonds sectoriels” destinés à investir dans des secteurs jugés stratégiques pour la France, comme la transition énergétique, selon un autre conseiller gouvernemental.
L’innovation sera un élément central et une filiale pourrait lui être dédiée.
La nouvelle banque aura pour ambition d'”accompagner” les entreprises, d'”être plus offensive et de véritablement combler des défaillances de marché” en termes de financements proposés aux PME.
Mais, “la BPI n’est pas là pour aider nos entreprises en difficulté ou soutenir des canards boîteux”, prévient la source gouvernementale.
Elle sera présidée par Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la CDC, qui n’aura pas de fonctions exécutives.
Anne Lauvergeon, ex-dirigeante d’Areva, Louis Gallois, ancien président d’EADS qui doit remettre à Matignon un rapport sur la compétitivité début novembre, et Dominique Marcel, PDG de la Compagnie des Alpes et ancien numéro deux de la CDC, sont les plus cités pour le poste de directeur général, selon une autre source proche du dossier.
Elus régionaux, syndicats et patronat, ainsi que des personnalités qualifiées, auront leur mot à dire dans l’élaboration de sa doctrine d’intervention au sein d’un comité national d’intervention dirigé par le président de l’Association des régions de France, le socialiste Alain Rousset.