à New York (Photo : Emmanuel Dunand) |
[17/10/2012 05:30:30] WASHINGTON (AFP) L’Espagne a obtenu mardi un répit de la part des agences de notation avec la décision prise par Moody’s d’éviter de déclasser la dette publique du pays au rang des investissements spéculatifs.
L’agence américaine a annoncé vers 23H10 heure de Madrid (21H10 GMT) qu’elle maintenait à “Baa3” la note de solvabilité financière qu’elle attribue à l’Espagne.
La décision de Moody’s prise à l’issue d’un examen approfondi entamé en juin –véritable épée de Damoclès pour Madrid– permet à l’Espagne de se maintenir aux yeux des trois grandes agences de notation dans la catégorie des pays en mesure de faire face à leurs obligations de manière adéquate.
En effet, si Standard and Poor’s a abaissé de deux crans le 11 octobre la note qu’elle attribue à la dette publique espagnole à long terme, cette note est équivalente au “Baa3” de Moody’s.
Au début du mois, Fitch avait confirmé à “BBB” la note qu’elle attribue à l’Espagne, soit un cran au-dessus de celles de S&P et Moody’s.
L’Espagne reste néanmoins sous la menace des agences puisque, comme S&P, Moody’s associe une “perspective négative” à la note du pays, signe qu’elle pourrait l’abaisser encore à moyen terme, ce qui relèguerait automatiquement les obligations d’Etat espagnoles dans la catégorie des valeurs à haut risque.
Moody’s a indiqué que le maintien de la note de l’Espagne découlait de trois “évolutions positives” survenues depuis juin.
En premier lieu, la “volonté” affichée par la Banque centrale européenne (BCE) “d’entreprendre des achats purs et simples d’obligations d’Etat espagnoles pour empêcher qu’elles ne fluctuent trop”.
“Preuves” de l’engagement de l’Espagne
Pour l’agence, “l’Espagne demandera probablement une ligne de crédit de précaution au Mécanisme européen de stabilité” (MES), qui vient d’être mis en place, ce qui devrait permettre à la BCE de lancer un programme de rachat d’obligations espagnoles sur le marché secondaire de la dette.
D’autre part, estime Moody’s, l’Etat espagnol a fourni les “preuves” de “son engagement inébranlable à mettre en oeuvre les mesures de réformes budgétaires et structurelles qui sont nécessaires pour stabiliser” sa dette.
L’agence note de plus “le processus en cours devant mener à la restructuration du secteur bancaire espagnol et améliorer la solvabilité des banques” fragilisées par la crise.
En résumé, ajoute le texte, “Moody’s pense que le soutien de la zone euro et de la BCE, associé aux propres efforts de l’Etat espagnol, devrait permettre à ce dernier de continuer à avoir accès aux marchés de capitaux à des taux raisonnables, lui fournissant ainsi le temps nécessaire pour qu’il stabilise sa dette au cours des quelques années à venir”.
La “perspective négative” associée à la note de l’Espagne tient compte de plusieurs facteurs de risques, explique l’agence américaine.
Elle juge en particulier probable que la qualité de crédit de l’Espagne soit affectée par des difficultés à mettre en oeuvre les réformes promises.
Moody’s, pour qui la possibilité que la Grèce sorte de la monnaie unique reste “un risque majeur pour tous les pays les plus faibles de la zone euro”, estime en outre que l’Espagne n’est pas à l’abri de “chocs au niveau de la zone euro”, qui pourraient résulter par exemple “de l’absence de progrès concrets” vers une intégration fiscale et budgétaire plus poussée.
Si l’un de ces risques venait à se matérialiser, l’agence indique qu’elle abaisserait “très certainement” la note de l’Espagne, “potentiellement de plusieurs” crans.