à Washington (Photo : Mladen Antonov) |
[17/10/2012 18:09:49] MONTREAL (AFP) Le suicide de l’adolescente canadienne Amanda Todd, suscite, une semaine après le drame, un grand émoi sur les réseaux sociaux et relance le débat sur les dangers de la cyber-intimidation, dont la jeune fille était la cible.
Sans qu’on puisse accuser l’internet d’être à l’origine de sa dépression et de son issue fatale, il est clair que son calvaire et même les conséquences de sa mort à l’âge de 15 ans ont eu pour cadre l’univers virtuel de la Toile.
“L’internet et les médias sociaux ont joué un rôle central dans l’affaire d’Amanda et un rôle tout aussi central dans notre enquête” sur son suicide, a dit un porte-parole de la police fédérale, le sergent Peter Thiessen.
Ainsi, un homme a perdu son emploi à Toronto pour avoir fait un commentaire désobligeant sur sa mort sur Facebook. Une internaute adolescente en a été choquée, a trouvé l’employeur de l’homme sur sa page Facebook, lui a envoyé un courriel et a provoqué ainsi son renvoi immédiat.
Sur un autre plan, la police fédérale a mis en garde contre l’apparition en ligne de rumeurs et de fausses informations qui perturbent son enquête sur les raisons ayant poussé Amanda à mettre fin à ses jours.
“Un de nos grands problèmes maintenant c’est les fausses informations diffusées par des gens qui cherchent à utiliser l’histoire d’Amanda pour nuire à quelqu’un ou pour gagner de l’argent”, a expliqué le sergent Thiessen.
Il a évoqué notamment une “affirmation sans fondement” censée identifier l’homme ayant harcelé la jeune fille.
Il s’agit en fait d’une vidéo mise en ligne mardi, prétendument par les hackers du groupe Anonymous, et donnant l’identité et l’adresse d’un habitant de la région de Vancouver. L’homme en question a reconnu avoir connu Amanda Todd, mais a fermement démenti l’avoir persécutée.
Reste que les réseaux sociaux ont été le terrain sur lequel s’est déroulé le calvaire de la jeune fille.
la cyber-intimidation dans le Code pénal ?
Manquant d’amis, elle en cherche via des sites de chat dès l’âge de douze ans. Elle tombe sur un prédateur qui la persuade d’abord de lui montrer ses seins via une webcam, puis la fait chanter pour qu’elle lui “fasse un show”. Elle refuse et il se venge en affichant sa photo sur internet.
Elle est la cible aussi de messages d’intimidation sur Facebook venant apparemment de ses camarades d’école.
C’est encore vers l’internet qu’elle se tourne quand elle se sent au bout du rouleau. Elle envoie sur YouTube un court film en noir et blanc dans lequel elle affiche une série de cartons décrivant en quelques mots les mauvais traitements subis.
L’incident de la photo, survenu il y a trois ans, avait entraîné chez la jeune fille des crises de panique et de dépression. Sa famille avait déménagé, mais cela n’a pas suffi pour empêcher son passé de la rattraper via les médias sociaux. Elle a cherché refuge dans la drogue et l’alcool.
Sa mort a poussé des centaines de milliers de personnes à visionner sa vidéo.
La Première ministre de la province de Colombie-Britannique, Christy Clark, a proposé un débat national sur l’opportunité d’inscrire la cyber-intimidation au Code pénal.
Et, toujours via internet, des dons ont afflué sur un compte ouvert par sa famille pour une fondation devant venir en aide aux jeunes connaissant une situation similaire. Dans le même temps, selon la police, des escrocs ont ouvert des sites prétendument destinés à promouvoir la même cause, mais en fait servant uniquement à les enrichir.