Le Medef a décidé d’essayer de ménager le chou et la chèvre et, partant, d’entretenir des relations avec les deux organisations patronales tunisiennes, «dans le respect des uns et des autres». Avec l’UTICA, parce que «ce sont de vieux amis» avec lesquels le Medef a des accords remontant à près de 30 ans. Et avec CONECT, parce que Tarek Chérif, qui a dirigé le Comité Tunisie-France de l’UTICA puis co-présidé avec Eric Hayat, de nombreux et étroits rapports au Medef où il est «apprécié».
Pour le Mouvement des Entreprises de France (Medef), la Tunisie est visiblement devenue un véritable petit casse-tête. Pas seulement en raison de la détérioration –que tout le monde espère passagère- du climat social et, partant, du climat des affaires dans un pays où les entreprises françaises sont les plus nombreuses parmi les entreprises étrangères, mais parce que le patronat français y a désormais non un seul interlocuteur dans le milieu des affaires, mais bien deux: l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce, de l’artisanat (UTICA) et la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT). D’ailleurs, lorsqu’on lui demande comment les deux organisations qu’il représente –Medef et Medef- gèrent cette nouvelle situation tunisienne, Thierry Courtaigne avoue volontiers être «embarrassé» de devoir répondre à cette question.
Car le représentant du patronat français, et tous les observateurs extérieurs, savent pertinemment que l’UTICA et la CONECT sont loin de filer la grande amitié. Certes, les deux organisations et leurs directions, qui se regardent en chiens de faïence, ont eu la sagesse, à ce jour du moins, d’éviter de se livrer à une guerre ouverte sur le plan médiatique. D’ailleurs, le fait qu’un an après la création de la CONECT aucun contact n’ait eu lieu jusqu’ici en dit long sur l’état d’esprit régnant dans les deux camps.
Face à cette situation, le Medef a décidé d’essayer de ménager le chou et la chèvre et, partant, d’entretenir des relations avec les deux organisations «dans le respect des uns et des autres». D’abord, l’UTICA parce que «ce sont de vieux amis» avec lesquels le Medef a des accords remontant à près de 30 ans. «Cela c’est l’histoire et il n’y a pas de raison de la remettre en cause», insiste le vice-président de Medef International. A l’inverse, «ce n’est pas parce que nous avons des accords avec l’UTICA que nous allons ignorer les autres», tranche M. Courtaigne.
D’autant que Tarek Chérif, président de la CONECT, est loin d’être un inconnu dans les milieux du patronat français. Pour avoir dirigé pendant plusieurs années le Comité Tunisie-France de l’UTICA puis co-présidé avec Eric Hayat, le Conseil de chefs d’entreprise France-Tunisie, Tarek Chérif a tissé de nombreux et étroits rapports au Medef où il est «apprécié», assure M. Courtaigne.
Donc, c’est tout naturellement que le patronat français travaille également avec la CONECT. D’autant que, selon le vice-président de Medef International, «les sensibilités sont très différentes entre l’UTICA et CONECT». A propos de l’UTICA, le représentant du Medef dira qu’il «est difficile de mettre à niveau une organisation ancienne» et, pour cette raison, «il faut l’accompagner».