Concurrence maroco-marocaine, par MATTEL interposée, en Mauritanie?

Par : Tallel

Il ne s’agit pas d’une hypothèse de travail. Car, si l’on en croit le site Yabiladi.com, l’opérateur Inwi a annoncé le week-end dernier son intention d’acquérir les parts de Mattel, l’opérateur des télécoms mauritano-tunisien. Or, Maroc Télécom a déjà pignon sur rue en Mauritanie grâce à sa participation dans le capital de l’opérateur historique local, Mauritel.

La même source rappelle que “depuis 2011, l’opérateur français, Orange, était le candidat favori pour remporter la mise… Mais avec la nouvelle entrée en lice d’Inwi, les jeux sont désormais complètement relancés“. Toutefois, l’entreprise marocaine aurait “la faveur des pronostiques puisque Mattel, contrôlé majoritairement par Tunisie Télécom, appartient également à des actionnaires privés locaux qui, semble-t-il, sont plus proches des intérêts marocains“.

“Evidemment, rien n’est encore joué pour le moment pour Inwi qui va devoir prendre son mal en patience jusqu’à ce que la décision finale soit rendue, courant novembre“, écrit la même source. A rappeler qu’il s’agit bien d’un appel d’offres international, et de ce fait seule la plus disante remportera le marché, comme nous a précisé un opérateur de la place. 

Par ailleurs et à la différence des entreprises et autres hommes d’affaires tunisiens, les Marocains estiment, à raison sans doute, que “leur avenir se joue en Afrique“. En effet, un rapport d’enquête du cabinet d’études Business Wire (BW) publié en début de cette année souligne que “le continent africain est l’un des seuls marchés où la quasi-totalité des indicateurs est en nette progression, avec un accent très particulier pour la connexion mobile et le haut débit. Il est aussi l’un des marchés les plus concurrentiels et les plus avancés en termes d’innovation“. Ce qui explique donc que banques et autres entreprises marocaines se soient engagées dans plusieurs secteurs économiques du continent.  

Mais “il faut dire que, rappelle yabiladi.com, le retard qu’a pris le continent en matière de développement des télécoms augure du potentiel énorme de ce secteur…“. Et de citer l’étude de BW laquelle “révèle que le taux de pénétration du mobile ne se hisse encore qu’à 41,4% sur le continent à fin septembre 2011 (pour plus d’1 milliard d’habitants). En outre, pour la seule année 2010, les abonnés mobiles ont progressé de 12,9% à 333 millions d’abonnés, alors que les abonnés Internet ont dépassé eux les 77 millions“.

Mais encore: “… avec plus de 620 millions de connexions mobiles à fin septembre 2011, l’Afrique a dépassé l’Amérique latine pour devenir le deuxième plus grand marché mobile au monde, après l’Asie“.

Et le site de conclure : “A la lumière de ces chiffres, inutile donc de se demander pourquoi les ambitions des opérateurs téléphoniques nationaux (marocains, NDLR) les portent inexorablement vers le sud”.

Le partenaire mauritanien qui détient près de 40% du capital, en l’occurrence le groupe Mohamed Bouammatou, a refusé depuis 2010 de contribuer aux nouveaux projets et investissements de MATTEL. Cela n’a empêché l’entreprise tuniso-mauritanienne de procéder, depuis 2010, à la consolidation de son infrastructure, et ce pour améliorer l’existant.

Toutefois, mise à part cette entreprise et du côté macroéconomique, un fin connaisseur du marché mauritanien en particulier et africain en général, s’interroge sur ce désengagement de la Tunisie de son marché maghrébin et africain. A noter du reste au passage que ce dernier a toujours milité pour la “conquête” des marchés africains, convaincu qu’il est que l’Afrique au sud du Sahara recelle d’importantes opportunités et pour la Tunisie et pour les entreprises tunisiennes. C’est dans cette optique d’ailleurs qu’il a avancé, à maintes reprises, l’idée de création de lignes aériennes entre Tunis et certaines capitales africaines.    

C’est bien dommage qu’il n’ait pas suivi, ou peu, jusqu’à présent. Car aujourd’hui les Tunisiens sont largement distancés sur le continent. Et ce qui fait le plus mal, c’est quand on entend ici et là parler des compétences tunisiennes, des produits tunisiens dans nombre de pays africains. Alors, quand est-ce qu’on comprendra que l’avenir, dans bien des domaines, c’est l’Afrique?