La Tunisie jouit encore de la confiance de la communauté internationale

Par : TAP

La Tunisie a obtenu la garantie du gouvernement japonais pour émettre, d’ici fin 2012, sur le marché financier international, «Samourai», un emprunt obligataire d’une valeur de 50 milliards de yens, l’équivalent de 600 millions de dollars (1dt=1,55 dollar), a annoncé Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT).

Cet accord de principe a été accordé, à la Tunisie, lors de sa participation aux Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), tenues du 9 au 13 octobre 2012, à Tokyo, a-t-il avancé.

«La délégation tunisienne a été assaillie par le nombre d’audiences réclamées par les pays participants, ce qui témoigne du capital confiance dont jouit encore la Tunisie auprès de la communauté internationale», a-t-il dit.

Cependant, «Bien qu’ils soient optimistes sur l’avenir économique de la Tunisie, ces pays se sont montrés plutôt inquiets quant à la situation politique qui prévaut actuellement dans le pays», a encore indiqué M. Ayari, lors de son intervention à un petit déjeuner-débat, organisé vendredi 19 octobre par la Chambre tuniso-britannique du commerce sur «l’aspect de l’économie tunisienne et l’agenda de la BCT».

Afin de leur redonner confiance en l’avenir de la Tunisie, a-t-il ajouté, il convient de rétablir, dans les meilleurs délais, la sécurité dans le pays et de baliser le paysage politique en fixant des dates précises d’élections et de parachèvement de la rédaction de la Constitution.

M. Ayari a également mis l’accent sur le rôle du privé, en tant que principal source de création de richesses et d’emplois, dans la dynamisation du processus économique du pays, relevant qu’«il est impensable, voire impossible, d’envisager une relance de l’économie du pays sans que le privé ne soit motivé».

Analysant la situation économique qui prévaut dans le pays, M. Ayari a estimé que la Tunisie est parvenue à «sortir du fond du puits» et qu’elle est repartie, “très lentement, sur un long sentier de croissance». «L’année 2013 sera une année de transition et non de reprise et la relance ne pourra être réalisée qu’à partir de 2014, pour peu qu’elle soit bien préparée», a-t-il relevé.

Selon les prévisions du FMI, le taux de croissance de la Tunisie sera de l’ordre de 6% à 7% à l’échéance 2014. “L’année 2013 ne s’annonce pas trop mal sur le plan économique», selon le gouverneur, rappelant, à cet effet, que le gouvernement s’est fixé comme objectif d’atteindre un taux de croissance de l’ordre de 4,5%.

Le premier responsable de l’institut d’émission a tenu à rappeler les mesures prises par la BCT en vue de décourager les banques, quant à l’octroi de crédits à la consommation, et de consolider le stock des réserves de change du pays, et ce, compte tenu de la persistance de la tendance inflationiste et la dérive du déficit commercial. Ces mesures, a-t-il encore ajouté, devront permettre, entre autres, d’améliorer le stock de réserves du pays, estimé, actuellement, à 94 jours d’importations, pour le porter d’ici fin 2012 à 100 jours d’importations.

Le débat a porté, notamment, sur la nouvelle circulaire de la BCT datée du 8 octobre 2012 et relative aux comptes professionels en devises. La circulaire stipule que “les titulaires des Comptes professionnels en devises (CPD) devront pour le réglement de leurs dépenses en devises, utiliser, en priorité, les disponibilités de leurs comptes et ne doivent y maintenir que les montants dont ils ont effectivement besoin. Tout excédent doit faire l’objet de cession contre dinar sur le marché des changes».

Pour certains exportateurs, présents au débat, cette mesure émet un signal négatif car elle est interprétée comme un moyen de contrôle, a posteriori, de leurs CPD, de la part de la BCT, et un manque de confiance en leur gestion de ces comptes.

Dans sa réponse M. Ayari a fait savoir que cette mesure a été décidée après avoir constaté le recours de bon nombre d’opérateurs (exportateurs-importateurs) à la spéculation sur le cours du dinar et des devises. Près de 3 milliards de dinars, soit le 1/3 du stock de devises du pays, sont en dehors de la gestion de la BCT, a-t-il encore avancé. Il a, toutefois, tenu à préciser que cette mesure revêt un caractère conjoncturel et pourrait être abrogée si les objectifs escomptés (100 jours d’importations) sont atteints.

WMC/TAP