à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[19/10/2012 16:33:07] PARIS (AFP) Taxe sur la bière, critiques sur leur rôle dans la lutte contre l’obésité: les industriels de l’alimentaire sont remontés comme jamais contre leur ministre Guillaume Garot et refusent de s’afficher à ses côtés pour l’ouverture dimanche du plus grand salon de l’alimentation.
“C’est avec regret que l’Ania a décidé de ne pas participer à l’inauguration du Sial”, explique l’Association nationale des industries alimentaires.
“L’ensemble de la profession est particulièrement choquée par la légèreté avec laquelle ses enjeux sont pris en compte par les pouvoirs publics”, regrette l’Ania, qui cite nommément M. Garot mais pas son ministre de tutelle, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, attendu lui aussi au Sial dimanche.
Dans le viseur du secteur: la “nouvelle taxation punitive sur la bière de 480 millions d’euros” et les déclarations “extrêmement critiques pour notre industrie” de M. Garot cette semaine.
Et après deux taxes sur le soda et les spiritueux l’année dernière, le gouvernement plancherait sur une taxe sur les boissons énergisantes, a-t-on appris auprès de l’Ania.
Les Brasseurs de France, engagés dans une opération de lobbying intense pour empêcher cette taxe de passer, sont “totalement en phase” avec l’initiative de l’Ania, a expliqué à l’AFP Gérard Laloi, son président.
La taxe sur la bière doit être examinée par l’Assemblée nationale la semaine prochaine.
D’autres grandes institutions se sont aussi ralliés au mouvement.
Xavier Beulin, président de la FNSEA, principal syndical des agriculteurs et Jean-Michel Lemétayer de la Sopexa, société chargée de la promotion des exportations agricoles et agroalimentaires française, boycotteront également l’inauguration, a-t-on appris auprès de Jean-René Buisson, président de l’Ania et du Sial.
Le président de Coop de France, Philippe Mangin, qui représente l’essentiel du mouvement coopératif agricole, n’y sera pas non plus, selon le site de FLD, le journal de la filière fruits et légumes.
Le Foll ne commente pas
“On est inondé de coups de téléphone” d’entreprises mécontentes, “qui en ont ras le bol d’être dénigrées et d’être toujours visées comme responsable de l’obésité”, explique M. Buisson, dont le mandat à la tête de l’Ania expire en juin.
Au ministère de l’Agroalimentaire, “on regrette sincèrement que le président de l’Ania ne soit pas présent au moment des discours inauguraux du Sial”, indique-t-on à l’AFP.
Et “le dialogue se poursuit avec les industriels sur la compétitivité, les exportations, les relations distributeurs-industries et la qualité nutritionnelle” des produits, assure-t-on rue de Varenne.
éphane Le Foll, le 15 octobre 2012 à Rome (Photo : Andreas Solaro) |
De l’autre côté de la cour du ministère, chez Stéphane Le Foll, on n’alimente pas la polémique: pas de commentaire, pas de réaction.
Guillaume Garot avait affirmé mardi qu’il fallait “changer les recettes pour qu’il y ait moins de sucre, moins de sel, moins de graisse dans les biscuits, les snacks, dans les apéritifs” et “travailler l’étiquetage” car “aujourd’hui pour comprendre une étiquette nutritionnelle, il faut quasiment être ingénieur chimiste”.
“Au départ, nous étions contents qu’il y ait pour la première fois un ministre chargé de notre industrie” mais là “on ne peut pas laisser un ministre censé nous représenter dire qu’on fait n’importe quoi”.
Autant de motifs qui justifient ce “coup de gueule”, selon M. Buisson qui assure néanmoins qu’il ne coupera pas les ponts avec le ministère et discutera de tout cela avec M. Garot en marge du Sial.
Ce salon est un rendez-vous incontournable du secteur. Près de 140.000 visiteurs sont attendus pour sillonner les allées du parc des expositions de Villepinte qui accueille cette année près de 6.000 exposants, venus de 100 pays.