Le logo de Google (Photo : Karen Bleier) |
[19/10/2012 18:52:34] PARIS (AFP) L’ensemble des médias français s’accorde à dire que l’utilisation de leurs contenus par les moteurs de recherche est abusive mais le fossé semble se creuser entre les médias “anciens” et “modernes” qui divergent sur la réponse à apporter à la menace de Google de les déréférencer.
Jeudi, Google a menacé de ne plus référencer les médias français (c’est-à -dire de ne plus afficher les liens renvoyant vers leurs sites) si une taxe sur les moteurs de recherche, actuellement à l’étude, devait voir le jour.
Cette rétribution par droits voisins s’apparenterait à des droits d’auteur pour l’utilisation indirecte de contenus.
Un projet de loi similaire a été adopté par le gouvernement allemand à la fin août.
L’an dernier, Google a cessé de référencer les sites de journaux belges pendant trois jours en représailles aux demandes de rétribution des éditeurs, qui avaient obtenu satisfaction en justice. Les éditeurs ont fini par jeter l’éponge et le moteur de recherche les a de nouveau référencés.
En France, Nathalie Collin, présidente de l’association de la presse d’information politique et générale (IPG), et coprésidente du groupe Nouvel Observateur, “ne veux même pas imaginer qu’il n’y ait pas de moteur de recherche qui ne référence pas la presse française, c’est inconcevable!”.
“L’indexation, c’est une vraie mission d’intérêt général et elle semble disparaître au profit de l’intérêt de leur régie publicitaire”, a estimé la présidente de l’IPG, qui regroupe les éditeurs de quotidiens et de magazines et est à l’origine d’un projet du texte de loi appelé “taxe Google”.
“Les gens pensent que Google c’est formidable parce que c’est gratuit. C’est gratuit parce que ça absorbe énormément de données d’information, énormément de données personnelles et que ça permet d’être une des plus grosses régies (publicitaires, ndlr). C’est de la captation de contenus”, a-t-elle ajouté, affirmant que la part du trafic renvoyé par Google vers les médias va “de 20 à 40%, selon les titres”.
Maurice Botbol, président du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), trouve l’attitude de Google également “inacceptable”. Mais il n’est pas favorable à une “taxe Google”.
“La presse est déjà totalement dépendante de Google au niveau de l’audience, si à cela on ajoute une dépendance économique, Google pourra décider de tout”, ajoute le représentant du Spiil, qui englobe les sites d’information nés sur internet, dits “pures players”, tels Mediapart, Atlantico, Slate ou Rue89.
“Il faudrait que l’Etat soit en mesure de faire payer à Google des impôts sur ses bénéfices avant de pouvoir lui faire faire payer une redevance”, a-t-il lancé en référence au chiffre d’affaires des géants du net qui échappent à la fiscalité de droit commun grâce aux niches fiscales européennes, notamment en Irlande et au Luxembourg.
“Soyons modestes, nous n’avons pas de solution aujourd’hui mais nous pouvons en créer une tous ensemble”, a-t-il suggéré, regrettant ne pas avoir été prévenu de l’initiative de l’association IPG. “Nous avons une expérience, une expertise et un vécu que nous pourrions apporter”.
Pour Régis Confavreux, consultant dans le domaine des médias et ancien membre du Spiil, cette divergence de points de vue s’apparente à “une querelle entre les anciens et les modernes”.
“Il y a un constat commun, des réponses différentes”, a-t-il résumé.
“On est dans un paradoxe. On dit qu’il y a un mauvais partage de valeur mais en même temps on reconnaît que Google apporte une part importante de l’audience. Le problème vient du fait que les éditeurs n’arrivent pas suffisamment à valoriser cette audience”, a poursuivi M. Confavreux, estimant que le coeur du problème se trouvait là .