ège du FMI, à Washington (Photo : Mandel Ngan) |
[20/10/2012 16:24:08] WASHINGTON (AFP) Le FMI est monté au créneau samedi pour clamer que son programme d’austérité qu’il a imposé à l’Irlande, sous assistance internationale depuis 2010, n’avait pas pesé sur la reprise économique du pays, comme c’est le cas notamment en Grèce.
“Il n’y a pas de preuve tangible” que la réduction des déficits ait pesé plus que prévu sur la “fragile” reprise économique en Irlande, a estimé le Fonds monétaire international dans un communiqué.
“Avec des banques plombées de dettes, des ménages et des entreprises en convalescence et une faible progression des échanges commerciaux avec ses partenaires, d’autres facteurs que la réduction des déficits ont pesé sur la croissance en Irlande”, écrit le Fonds dans un communiqué.
L’Irlande, dont les banques avaient été durement frappées par la crise financière, a obtenu fin 2010 une aide de 85 milliards de l’Union européenne de la BCE et du FMI qui ont, en contrepartie, exigé des autorités un plan d’économies drastique.
Contrairement au Portugal et à Grèce, les deux autres pays de la zone euro renfloués par la communauté internationale, l’Irlande a, depuis, renoué avec la croissance même si le taux de chômage dans le pays avoisine les 15%.
“Le rythme de l’ajustement budgétaire a été équilibré (…) et a permis à l’Irlande de faire des progrès notables”, a assuré le Fonds deux jours après être déjà monté au front pour défendre l’austérité au Portugal.
Jeudi, le FMI avait appelé Lisbonne à poursuivre sur la voie de la rigueur budgétaire. Le pays a “besoin de retrouver sa capacité à se financer à des taux raisonnables. Cela veut dire que l’ajustement budgétaire est impératif et doit se poursuivre”, avait écrit l’institution basée à Washington.
Pourquoi un tel empressement? Le FMI tente visiblement de clore le débat explosif qu’il a lui-même ouvert il y a deux semaines en admettant s’être parfois trompé sur l’impact des plans d’austérité en Europe.
Un texte du FMI, publié début octobre à Tokyo lors de son assemblée générale, affirmait que le “coefficient multiplicateur” mesurant l’impact de l’ajustement budgétaire sur la croissance avait été parfois été sous-évalué, donnant du grain à moudre aux détracteurs du Fonds et créant un flottement au sein de l’institution.
D’après ce petit encadré, l’impact de l’austérité en Grèce aurait ainsi été au moins deux fois plus fort que ce qu’avaient prévu les experts du Fonds.
A Tokyo, la patronne du Fonds, Christine Lagarde, avait d’abord semblé favorable à un infléchissement de la rigueur budgétaire en appelant à donner deux ans de plus à la Grèce pour redresser ses comptes publics et en déclarant, plus généralement, qu'”il était parfois préférable d’avoir un peu plus de temps”.
Sous la pression de l’Allemagne, héraut de l’orthodoxie budgétaire, Mme Lagarde avait toutefois par la suite assuré que le Fonds n’avait “pas du tout changé d’approche” sur l’austérité.
La période est cruciale. Au centre de toutes les inquiétudes, la Grèce vient de boucler de laborieuses négociations avec ses bailleurs de fonds pour parvenir à un nouveau plan d’économies, permettant le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide de 31,5 milliards d’euros vitale pour le pays.
Le rapport de la “troïka” des créanciers est attendu dans les semaines qui viennent.
L’austérité continue par ailleurs de susciter des protestations dans de nombreux pays européens, en Grèce, en Espagne et au Portugal mais également en Grande-Bretagne ou encore en France.