Veolia et Suez en recul à la Bourse de Paris après leur démenti sur un rapprochement

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ée générale des actionnaires le 16 mai 2012 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[22/10/2012 12:58:34] PARIS (AFP) L’hypothèse, démentie par les intéressés, d’un rapprochement entre les deux géants français des services à l’environnement, Suez et Veolia, suscite de la perplexité sur sa faisabilité en raison de leur importance sur les marchés des déchets et surtout de l’eau en France.

“C’est particulièrement surprenant parce que ce serait un mariage contre nature entre le numéro un et le numéro deux mondial, avec les contraintes importantes que cela représente en termes d’abus de position dominante”, a observé Olivier Bails, analyste de CM-CIC Securities.

Une éventuelle fusion –dont le scénario exact envisagé n’a pas été dévoilé dans la presse– donnerait le jour à un géant de près de 45 milliards de chiffre d’affaires annuel et une capitalisation boursière de près de 9 milliards.

“D’un point de vue financier, ça pourrait être avantageux pour Veolia, à cause de sa dette importante que n’a pas Suez Environnement. Mais je ne vois pas trop quelles pourraient être les synergies, d’autant que si ça se faisait, une grande partie des actifs français, soit de Veolia, soit de Suez, devraient être cédés”, a dit l’analyste à l’AFP.

Des responsables gouvernementaux français sous couvert de l’anonymat ont eux aussi fait part à l’AFP de leurs doutes sur un tel projet, Suez et Veolia étant déjà régulièrement critiqués pour leur mainmise sur les marchés de l’eau en France.

“Au final, il y aurait eu très peu de chances pour qu’elles aboutissent car trop d’obstacles se seraient posés au niveau de la concurrence”, estime un autre analyste parisien.

C’est d’ailleurs pour ces questions de concurrence que les négociations ont échoué, relèvent plusieurs médias. Une source au courant des discussions a souligné auprès de l’AFP qu’une telle opération aurait impliqué une cession d’actifs français.

Mauvais signal pour Veolia

La France représente le principal marché des deux entreprises (39% pour Veolia et 36% pour Suez). A elles deux, les entreprises auraient par exemple contrôlé 55% du marché de la distribution d’eau en France, ne laissant que 33% aux collectivités et 10% au troisième acteur, la Saur.

Pour autant, le modèle de la délégation de service public (le transfert par une collectivité de la gestion de l’eau, des déchets ou des transports publics par exemple) est à la peine ces dernières années, et les entreprises ont perdu des contrats ou ont dû négocier des rabais avec les communes.

“Dans l’eau, en France, on voit que la rentabilité baisse, donc ce n’est pas forcément des actifs qui pourraient être attractifs” en cas de cession, relève M. Bails, qui pointe un intérêt potentiel du groupe de BTP Vinci.

L’existence des discussions –fussent-elles très préliminaires et sans que les conseils d’administration n’en soient informés– entre Suez Environnement et Veolia Environnement a surtout eu pour effet de susciter des inquiétudes sur la situation financière des deux géants français, et notamment Veolia, en pleine restructuration.

“Cela peut en effet suggérer qu’il y a des problèmes au niveau de l’exécution du programme” de réduction de coûts de Veolia, a observé M. Bails.

Le groupe, qui sort d’une phase de contestation de la stratégie de M. Frérot imputée à son prédécesseur Henri Proglio, a promis le mois dernier une prime à ses hauts dirigeants si les objectifs financiers étaient tenus au quatrième trimestre, selon une lettre du PDG publiée par Les Echos.

A la Bourse de Paris lundi, le titre Veolia Environnement –dont le cours est près de huit fois inférieur à ses records de 2007– enregistrait le plus fort recul du CAC 40 avec une baisse de plus de 4% dans l’après-midi, à 8,17 euros. Suez Environnement perdait lui 1,21% à 8,33 euros.