Le “Made in France” à la conquête de nos assiettes

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égion parisienne, le 21 octobre 2012 (Photo : Eric Feferberg)

[22/10/2012 15:26:43] VILLEPINTE (AFP) Elles n’ont pas attendu la marinière d’Arnaud Montebourg pour s’y mettre: les PME du secteur alimentaire misent plus que jamais sur le “Made in France” pour vendre. Et ça marche… pour l’instant.

Dans les rayons du Sial, grand rendez-vous international du secteur, on trouve un petit bastion d’irréductibles Gaulois: les pavillons régionaux français.

Premier arrêt: la Bretagne. Le petit phare (breton) sur la crème de citron ou le saumon fumé donne le ton. Entre des champignons apéritifs “fabriqués en France” ou des escalopes de lapin estampillées du drapeau bleu-blanc-rouge, trône le poisson fumé “En direct des ports bretons”.

Cette marque, créée en avril par Mer Alliance, spécialiste du saumon fumé marques distributeurs, propose du merlu ou du lieu jaune achetés “à la criée” sur trois ports du Finistère Sud.

“On a lancé cette gamme face à la mode du +consommer local+”, explique Guy Muller, son directeur commercial. Et “ça se vend très bien”, environ une tonne par semaine, essentiellement dans le Grand Ouest.

L’entreprise peut même compter sur Leclerc ou Système U pour mettre en avant ses produits dans leurs sélections de produits locaux.

“La crise économique réussit aux produits régionaux”, expliquent les experts du cabinet Xerfi Precepta dans une étude publiée lundi.

“Le climat anxiogène pousse les consommateurs à adopter des réflexes de repli sur soi, qui se traduisent par une appétence pour les produits locaux, régionaux et +made in France+”.

De plus, “les tensions sur les carburants incitent les ménages à se tourner vers les commerces de proximité, et les préoccupations écologiques favorisent les achats de produits sains et locaux”, peut-on lire dans cette note.

Locavore

Une tendance qui n’a pas échappé à Gérard Mouret. Sur le stand “Sud-Ouest”, il explique, avec l’accent, comment il a tenté de prendre le train en route, avec sa société Vallée verte.

“Il y a six mois, j’ai décidé de changer mes étiquettes pour y ajouter un drapeau français” encadré de la mention “fabrication artisanale”. De quoi, espère-t-il, doper les ventes de ses jus de carotte, de tomate de Marmande ou encore de raisin du Lot-et-Garonne.

Cet argument ne laisse pas indifférent les acheteurs dans les allées du Sial. “J’ai reçu hier deux cavistes qui se sont montrés très intéressés par notre genièvre de Houlle”, eau de vie produite à partir de “grains de genévrier français”, raconte François Foucaut, de l’Agence de développement de la Côte d’Opale.

Autant de produits qui pourront alimenter les rayons “made in France” dans les supermarchés que le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg appelle des ses voeux.

Même si, dans les faits, les enseignes s’intéressent déjà à ce phénomène “locavore” comme Leclerc et sa campagne “les Alliances locales”, relèvent les analystes de Xerfi.

Les grands industriels aussi “misent majoritairement sur le +made in France+, comme Lesieur, qui met en avant ses approvisionnements 100% français”.

Un créneau qui devrait être très porteur jusqu’à 2015 notamment grâce à “la renommée grandissante de marques régionales telles que Produit en Bretagne ou Sud de France”.

Mais la croissance “s’essoufflera d’ici 2025” car “les produits locavores souffriront de la baisse des dépenses d’alimentation des jeunes générations” et “la reprise économique réduira le phénomène de protectionnisme”, anticipent-ils.