Accompagner des porteurs de projets suppose des compétences et un savoir-être qui ne s’improvisent pas. D’où l’initiative prise par l’ONUDI pour l’organisation, récemment, d’une session de formation de conseillers certifiés (accompagnateurs) en direction des personnels de l’ANETI et de l’API et d’autres structures concernées par le développement de l’entrepreneuriat.
C’est sans doute la complexité de l’environnement économique et son évolution de plus en plus dynamique qui mettent en avant, aujourd’hui, l’importance de former des spécialistes aptes à accompagner les jeunes porteurs de projets en prenant en compte le contexte socioéconomique et même politique. C’est aussi la recherche de plus d’efficience dans l’encadrement des aspirants entrepreneurs qui lui donne autant d’importance. Car les conseillers ont pour mission de renforcer les compétences entrepreneuriales, orienter et accompagner efficacement les jeunes chômeurs diplômés et non diplômés, identifier les profils les plus adéquats par nature de projet, calculer ses chances de succès et sa pérennité, les aider et les conseiller dans les démarches qu’ils entreprennent et les orienter vers les appuis nécessaires.
La session de formation organisée par l’ONUDI a touché près de vingt cadres de l’ANETI, de l’Espace entreprendre, de l’APII, des Pépinières, des ISET, des représentants de la société civile et des centres d’affaires qui ont représenté les régions de Gafsa, du Kef et du Grand Tunis. Ces conseillers ont reçu à la fin de la session des diplômes les habilitant à exercer en tant que conseillers certifiés.
«Pour nous autres, accompagnateurs des jeunes porteurs de projets, cette formation revêt une grande importance car l’entreprise évolue et l’environnement des affaires est très dynamique. Nous devons suivre tous les changements et toutes les mutations pour être plus aptes à conseiller et à encadrer les jeunes entrepreneurs pour les mener à la réussite. Notre efficacité dépend de notre capacité à assimiler les évolution qui adviennent sur la scène économique et à maîtriser l’information d’où qu’elle vienne et surtout de pays économiquement performants», estime Ines, Responsable opérationnelle de la pépinière d’entreprise APII installée à l’INSAT.
Le rôle des conseillers est d’autant plus important que la culture entrepreneuriale n’est pas encore développée et principalement dans les régions de l’intérieur. Déjà que dans des instituts, tel l’INSAT, les diplômés ne se bousculent pas pour créer leurs propres projets : «Les ingénieurs ne sont pas les candidats idéaux pour créer des projets au sortir de l’Université, explique Ines, car dans un premier temps, sûrs de leurs rémunérations assez gratifiantes, ils préfèrent travailler dans des entreprises privées. Ils reviennent vers nous au bout de 3 ou 4 ans et c’est là où ils expriment le désir de vouloir s’implanter à leur propre compte. Nous les accompagnons par des formations générales à la création d’entreprise, l’étude de marché, le business plan et nous ne les lâchons que lorsque nous estimons le projet est bancable. Aujourd’hui, grâce à la formation de conseillers certifiés, nous pouvons gagner plus de temps en identifiant les meilleurs profils en matière de création d’entreprises et plus encore déterminer au démarrage de la formation quelles sont les qualités qui peuvent faire défaut chez un jeune porteur de projet et y remédier».
Un encadrement illimité dans le temps
La formation commence juste après la formation des entrepreneurs et après avoir identifié et clarifié l’idée du projet et entamé le travail sur le Business plan. La mission des conseillers n’est pas limitée dans le temps, sa durée dépend de la maturité et de l’entrepreneur et du projet. Elle englobe un accompagnement dans la finalisation du business plan avec accès à la technologie et accès au financement, ensuite un accompagnement dans la création, le démarrage et le développement de l’entreprise.
La session de formation des conseillers entre dans le cadre du programme «Emploi, Jeunes et Migration» dont le but est d’appuyer le gouvernement et les partenaires publics et privés dans la mise en place de nouvelles stratégies et mécanismes d’emploi adaptées aux besoins spécifiques des jeunes chômeurs diplômés et non diplômés dans les régions de Tunis, Le Kef et Gafsa.
Mieux maîtriser les profils des aspirants entrepreneurs pour optimiser leurs compétences et les orienter vers les activités où ils peuvent être les plus performants, c’est l’objet de la formation en counselling. Et il ne s’agit pas là de la technique du coaching mais de celle du profilage des PME naissantes en termes de performance à réaliser dans l’immédiat et de potentiel de croissance, soit une méthodologie pour l’accompagnement, l’identification des compétences et la résolution des entraves à la création du projet.
Pour les participants à la session de formation en Counselling de Tunis, l’une des missions principales serait l’établissement de nouveaux rapports entre les organismes d’appuis et les créateurs d’entreprises tout comme le renforcement du réseautage, une faiblesse avérée en Tunisie.
«Chacun de nous est isolé, ce qui ne lui permet pas de profiter des expériences des autres ou d’identifier des solutions qui ont prouvé leur efficacité ailleurs. Il faut que les centres d’affaires, les pépinières d’entreprises, les ISET et même les associations des entrepreneurs et les administrations communiquent plus entre eux» a déploré un participant à la session.
Le réseautage entre différents partenaires privés et publics concernés par l’entreprise, n’est plus un choix, c’est une nécessité et principalement dans les régions qui ont été à ce jour privées de moyens et d’environnements adéquats pour le développement de l’entrepreneuriat et le renforcement de l’initiative privée.