Kerviel condamné à 3 ans ferme et des dommages et intérêts record

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érôme Kerviel (g) et son avocat David Koubbi (d) arrivent au palais de justice de Paris le 24 octobre 2012 (Photo : Mehdi Fedouach)

[24/10/2012 18:00:58] PARIS (AFP) L’ancien trader de la Société Générale Jérôme Kerviel a été condamné mercredi à cinq ans de prison dont trois ferme, ainsi qu’à la somme astronomique somme astronomique de 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts, par la cour d’appel de Paris qui l’a jugé responsable d’une perte record en 2008.

Se disant “totalement effondré”, Jérôme Kerviel a annoncé en fin d’après-midi sur RTL qu’il allait, “sans hésitation”, se pourvoir en Cassation contre cette décision “inique” et “absolument incompréhensible”.

Jérôme Kerviel n’ira donc pas immédiatement en prison, le pourvoi étant suspensif.

La cour d’appel a confirmé dans son intégralité le jugement rendu en 2010 par le tribunal correctionnel et, comme lui, n’a trouvé aucune excuse au condamné.

Pour “dissimuler sa fraude”, a-t-elle jugé, Jérôme Kerviel a “fait preuve d’une ingéniosité confinant au machiavélisme pour manipuler l’ensemble de ses interlocuteurs”.

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érôme Kerviel quitte le cabinet de son avocat David Koubbi le 24 octobre 2012 (Photo : Kenzo Tribouillard)

La cour n’ayant toutefois pas délivré de mandat de dépôt à l’audience, Jérôme Kerviel, visage fermé, costume sombre, a pu quitter libre le palais de justice. Il est sorti avec ses avocats par une porte latérale, restant muet face aux nombreux journalistes mais sans chercher à se dissimuler.

Paraissant accablé, il est monté à l’arrière d’une Mercedes noire, rapidement prise en chasse par des photographes.

Son avocat, David Koubbi, venait de dénoncer devant la presse une “injustice absolument lamentable”.

Lors du procès, en juin, l’accusation avait requis la peine maximale, soit cinq ans ferme, et suggéré à la cour de confirmer la condamnation à 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts, montant de la perte dont Jérôme Kerviel a été jugé responsable. La défense avait quant à elle demandé la relaxe.

Totalement fantaisiste

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été générale Jean Veil répond aux journalistes après la condamnation de Jérôme Kerviel le 24 coctobre au palais de justice de Paris (Photo : Kenzo Tribouillard)

Jérôme Kerviel était accusé d’avoir pris à l’insu de sa hiérarchie des positions spéculatives de dizaines de milliards d’euros sur des marchés à risque et d’avoir déjoué les contrôles avec des opérations fictives, de fausses écritures et des mensonges.

Des cadres de la Société Générale avaient été licenciés et les carences de ses systèmes de contrôle avaient valu à la banque une amende de 4 millions d’euros de la commission bancaire.

Mais Jérôme Kerviel a été le seul poursuivi en justice dans cette affaire, qui a ébranlé le monde de la finance et failli couler la banque.

Il a été reconnu coupable des trois chefs retenus contre lui: abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans le système informatique de la banque.

L’ex trader avait admis avoir perdu le sens des réalités, se décrivant comme un hamster dans sa roue, mais répété que ses supérieurs “savaient” qu’il outrepassait son mandat.

En appel, il s’était même dit victime d’une machination, par laquelle la banque aurait couvert ses positions afin de lui faire porter la responsabilité de pertes subies dans la crise des crédits hypothécaires américains “subprime”. Mais l’enquête n’avait détecté aucun complot.

La cour a même jugé cette théorie “totalement fantaisiste”.

Sur les dommages et intérêts, elle a également écarté tous les arguments de la défense et décidé de condamner Kerviel “à payer à la Société Générale la somme de 4.915.610.154 euros en réparation de son préjudice direct”.La banque avait de nouveau réclamé au procès ses milliards perdus, même s’il est évident que l’ex-trader, issu d’une famille modeste et sans emploi, ne remboursera jamais une telle somme, qui représente 370.000 ans de Smic.

Un des avocats de la banque, Jean Veil, a d’ailleurs immédiatement dit que la Société Générale se montrerait “réaliste” et étudierait la situation de son ancien salarié.

Quant au pourvoi en cassation, “il ne m’étonne pas”, a déclaré Me Veil en début de soirée sur BFM-TV. “Mais la suite est déjà écrite, ce pourvoi sera évidemment rejeté”, a-t-il assuré.

Le président du comité de soutien à Jérôme Kerviel, René Coupa, a en revanche affirmé vouloir “réhabiliter son image, car il ne mérite pas ça”. Pour lui, “c’est un combat pour la justice, ça nous concerne tous, c’est presque une affaire d’Etat”.