à New York (Photo : Stephen Chernin) |
[25/10/2012 11:42:50] NEW YORK (AFP) A l’approche du scrutin présidentiel, les grands patrons américains s’alarment du blocage politique sur la réduction de la dette qui entraînera des coupes automatiques dans les dépenses publiques si aucun accord n’est trouvé d’ici la fin de l’année.
Lloyd Blankfein, le PDG de la banque d’affaires Goldman Sachs, avertissait récemment sur la chaîne CNBC que le “mur budgétaire” était un problème “très sérieux” qui risquait de “faire dérailler” la reprise.
Faute d’un accord entre parlementaires républicains et démocrates sur la manière de réduire la dette abyssale du gouvernement américain, un certain nombre de mesures de relance et de réductions d’impôt prendront fin au 1er janvier et des baisses automatiques des dépenses publiques entreront en vigueur. Cela devrait entraîner une contraction de 3 à 5% du PIB américain, selon les estimations.
Les entreprises américaines, en pleine période de publication de leurs résultats trimestriels, dressent un tableau sombre des mois à venir: nombre d’entre elles abaissent leurs prévisions pour les trois derniers mois de l’année.
Certaines craignent que la morosité se prolonge au-delà et licencient ou ferment des usines, comme le fabricant de puces AMD, les chimistes Dow Chemical et DuPont, le fabricant de couches et mouchoirs en papier Kimberly-Clark, ou encore le constructeur automobile Ford.
Si la crise économique en Europe et le ralentissement en Chine y sont pour beaucoup, le blocage budgétaire aux Etats-Unis constitue un véritable point noir, mettent en garde nombre de banquiers et grands patrons de l’industrie.
Pour Jeffrey Immelt, patron du conglomérat General Electric, il s’agit de la “plus grande variable” qui pèse sur l’année 2013.
“Désastre potentiel”
Selon son confrère Dave Cote, PDG du fabricant d’automatismes et d’équipements industriels Honeywell, il y a “le potentiel pour une bonne reprise économique” aux Etats-Unis et dans le monde “si le gouvernement fait son travail et résout le problème du mur budgétaire”. Dans le cas contraire, il prédit un “désastre potentiel”.
La menace du “mur budgétaire” pèse sur le secteur bancaire en paralysant notamment de nombreux projets de fusions et acquisitions. Le secteur de la défense est lui aussi particulièrement menacé.
Les coupes budgétaires automatiques, qui atteindraient 1.000 milliards de dollars sur 10 ans, concernent pour moitié le Pentagone, par ailleurs déjà engagé dans des économies de 487 milliards de dollars sur cette période.
C’est une incertitude” “sans précédent” pour le secteur de la défense, qui risque de créer des “chocs” dans toute la chaîne d’approvisionnement, s’inquiétait déjà en juillet le PDG de Lockheed Martin, Bob Stevens.
Mais pour Art Hogan, stratège boursier de Lazard Capital Markets, aucun secteur n’est à l’abri.
“Il est difficile pour une entreprise de savoir de quoi l’an prochain sera fait si on ne sait pas ce que la réduction de la dette va signifier en terme de taux d’imposition et de dépenses gouvernementales”, constate-t-il.
Par conséquent, beaucoup gèlent les embauches et investissements, que ce soit dans la finance, l’industrie ou la grande consommation, poursuit Joel Naroff, économiste indépendant. “Il n’y a pas de raison d’embaucher si on se dirige vers une récession”.
Un accord est peu probable avant l’élection présidentielle du 6 novembre. Le Congrès, partiellement renouvelé le même jour, se réunira de nouveau à partir de la mi-novembre et aura six semaines pour trouver une solution.